Il nage dans les flots chahutés par des vagues
Son esprit est ailleurs, ses yeux sont dans le vague
Il aimerait couler, se changer en poisson
Pour parcourir sans fin de l'Océan les fonds

Sur ses flancs il voudrait que poussent des nageoires
Que recouvrent son corps des écailles de moire
Onduler avec grâce entre de vieux rochers
Avec vivacité dans les coraux jouer

Il faut sortir déjà de l'eau tumultueuse
Gagner la terre ferme où des mouettes rieuses
Se promènent gaiement avant de s'envoler
Pour rejoindre le ciel dans son immensité

Des bourrasques de vent font se lever le sable
Des grains s'en vont loger dans son regard instable
Bientôt il ne voit plus qu'un vaste tourbillon
Qui l'emporte très haut vers le septentrion

Il parcourt l'univers transporté par Eole
Des planètes caresse et des étoiles frôle
Puis il est déposé dans le cœur du soleil
Comme en un doux berceau fait d'amour et de miel

Depuis ce lieu béni il contemple la Terre
Ses vastes tâches bleues, ses montagnes altières
Ses îles dispersées, ses larges continents
Ses immenses forêts d'un vert étincelant

D'innocents séraphins aux ailes diaphanes
Le prennent par la main qui lentement se fane
Se flétrissent ses doigts jusqu'à s'évaporer
Comme s'évaporent les liquides chauffés

En unique atome son Être se transforme
Léger et volatile, imperceptible forme
Qui vient se mélanger après un long trajet
Au sable de la plage où tout a commencé