Marie et Matthieu sont mariés depuis peu
Ils ont prêté serment de vivre tous les deux
De partager leurs biens jusqu'au dernier soupir
La vie quotidienne, ses peines et plaisirs

Mais le pauvre Matthieu sent battre dans son cœur
Une passion brutale et qui fait son malheur
Pour le joli Pablo, un frère de Marie
Qu'il a connu le jour de ses noces fleuries

Pablo est quant à lui un fervent religieux
Un homme timide, délicat et pieux
Qui voudrait devenir un prêtre respectable
Vivant de pain et d'eau dans un cloître agréable

Pourtant il sent aussi en son âme un tourment
Des pulsions traverser son corps sauvagement
Son beau-frère lui plaît, c'est un grave pêché
Qu'il voudrait racheter en priant sans arrêt

Matthieu devient pour lui une lourde obsession
Qui remplace son Dieu dissous dans l'horizon
Tout son Être brûle de le revoir un jour
Pour lui toucher la main, pour lui faire la cour

Cet Amour est cruel car ils ne savent pas
Comment le vivre enfin pour accorder leurs pas
Sous l'oeil de Cupidon aux flèches invisibles
Qui les a pris chacun comme une même cible

Un matin à l'aube Matthieu reçoit un mot
Êcrit fébrilement par le jeune Pablo
Qui y dit sans détour sa flamme torturante
Son profond désespoir, ses larmes qui ne mentent

Matthieu laisse la lettre, en son trouble infini
Sur l'oreiller plissé de son conjugal lit
Et file voir Pablo, qui l'attend éperdu
Dans un trou de verdure où Rimbaud jadis fût

Marie le voit partir, l'air sombre et affolé
Se rend dans la chambre, découvre le billet
Soudain un tremblement secoue ses mains fragiles
Elle a compris enfin cet amour intranquille

Le monde s'effondre dans son cœur douloureux
Son frère et son mari semblent très amoureux
Comment survivre à ça ? Non c'en est trop pour elle !
Marie voudrait plonger dans la nuit éternelle

(...)