Jadis, je tissais des strophes de flamme
Quand les nombres dansaient, astres en l'éther des gammes
Or, mon être s'effrite, écume dans la tempête
Les vivants, flot sans terme, s'entêtent dans l'éternité muette
Que hurler face au gouffre, abîme insondé
Le silence rugit, seule vérité ciselée
J'ai percé, sous l'éclat des siècles flétris :
S'adapter, c'est lacérer l'âme aux reflets meurtris
Se mutiler pour un voile d'apparence
S'incliner pour survivre en vile survivance
Ne palpiter que pour des pulsions viscérales
Dans les cloîtres médico-sociaux, l'idéal est prôné
Mais l'on t'ordonne d'être vautour, cœur corrompu, âme damnée
Ils s'obstinent, convaincus d'enjoliver le monde
Les yeux noyés de sable, gavés d'un faux diadème
Mensonges ruisselants, poison qu'ils chérissent en onde
L'humanité proclame sa liberté, fière et vaine
Mais gît, enchaînée sous l'étau des normes et des peines
Juridiques, sociales son cri n'est qu'illusion :
La liberté pure n'est qu'un chant d'évasion
Où, bravant les décrets, l'âme forge une vision
Pour dompter le chaos primal de l'être
Ils cisèlent du sens, mais le vide s'entête
Dans un cosmos orphelin de destin éternel
Où ni bien ni mal n'ont d'éclat essentiel
Aucun souffle ne plie la trame universelle
Tissée d'étoiles, sourde, immuable, cruelle
Ils s'acharnent à graver un sens profond
Sur une réalité vide d'absolu, sans fond
Là où :
Ni mal ni bien n'ont de réalité vraie
Aucune action ne trouble ni ne restaure jamais
La trame inflexible de l'univers
Le végétarisme n'existe guère
Le cannibalisme est inhérent
La vie recycle la vie, sans fin
Mémoire abolie, conscience chancelante
Nous sommes lueurs fugaces, âmes vacillantes
Particules conscientes, nées d'un vide organique
Fils d'algorithmes tissés dans l'abîme cosmique
Et nous ?
Nous trébuchons, pas à pas, dans l'ombre infinie
Cramponnés à des éclats d'idéal, braises d'envie
Telles des lucioles frêles en l'obscurité de l'être
Fugitives lueurs dans les ténèbres métaphysiques
Nous trébuchons pas à pas
Agrippés à des éclats d'idéal
Comme à des lucioles tremblotantes dans les ténèbres de l'être
Chanter à pleins poumons, cri primal 🎤
Sous le dais des frondaisons, voûte sylvestre 🌳🌲🌴
Courir, boire les murmures de la terre vive
Tisser des hymnes pour que l'âme survive
Pour sculpter le vide
Nous jouons à être, à exister 🐚
Pourtant, captifs sans chaînes, sans geôlier
Prisonniers d'une structure inexorable, d'une boucle cyclique
Souvent, je me suis interrogé :
Comment briser cette boucle sans fin de l'univers ?
Ce flux de vie et de mort, cet incessant vertige ?
Comment anéantir cet être colossal, tout terminer ?
Celui que les humains devraient nommer Dieu
Non-nommer une chimère
Ce champ fractal de conscience
Où nous sommes des molécules infimes
Flottant dans l'organisme immense de cette Dieu-structure
Mais tout effort s'effondre, futile, éphémère :
Rien ne s'éteint ? ni matière, ni souffle, ni chair
Tout se recompose, renaît dans l'éther
Cycle sans terme, où l'être s'altère et prospère
Nous pouvons aussi murmurer, d'un souffle léger :
Que nous habitons un jardin 🏡
Et ce jardin est tangible, vivant
Si l'on embrasse sa beauté avec foi
(Une question de perspective…)
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