Quand la flamme de la vie balbutie,
Quand la fin se fait doucement sentir,
Quand vos pensées se tournent vers les souvenirs
Et que vos pleurs trahissent le silence de la nuit,

Alors, lentement, j' arrive à pas de loups,
Je vous observe pendant votre sommeil troublé,
Et je planifie minutieusement mon projet
De vous retirer la vie d' un coup.

Ainsi, je vous regarde des heures,
Sans pitié ni regrets,
Ne pleurant pas sur votre malheur ;
Je n' ai pas choisi de faire ce que je fais.

Je vous regarde, le visage et les mains,
Et, voyez-vous, je vous envie.
Je vous envie d' avoir eu une vie
Et que celle-ci ait une fin.

Je vous envie de vivre dans l' attente de la mort,
D' avoir toujours cette peur au fond de soi,
Cette peur du mauvais sort
Dont on ne sait quand il viendra.

Vous ne savez quand il viendra,
Mais, pour vous au moins, il viendra.

Moi, j' aurai cette tare jusqu' à la nuit des temps :
Celle d' ôter la vie aux honnêtes gens.