Soleil, exotisme et chaleur, je me baigne dans cette eau transparente, contemple les poissons, asticote une murène.
Mer d'huile, véritable jungle liquide, je nage tranquillement au hasard, sans boussole ni pensée.
Le fond de l'eau, 20 minutes dans un autre monde grâce au tuba, le silence sourd m'hypnotise et efface la conscience de mon être.
Danger. Lucidité.
Mon cerveau en veille se rallume, et je me tourne face à la plage. Si loin. Incroyablement distante. Pas de vague, pas de vent, mais un abîme d'eau entre le sable et moi, entre la sécurité et la mort.
Au large, plus un bruit, à peine l'imperceptible clapotis de mes bras quand je nage.
Plus un mouvement non plus, je ne distingue plus les gens là-bas.
J'ai quitté le paradis du sable chaud, les beaux poissons du bord de plage, par l'enfer ouaté de l'océan sans fond.
J'ai croqué la pomme de l'envie et de la contemplation. L'heure est venue d'en payer le prix.
10 secondes.
10 secondes ont suffi.
Dos à la plage, l'extase dans la vision de toute cette beauté, Narcisse ne pouvant détacher son regard du fond de l'eau, ni arrêter ses mouvements.
Puis un éclair de conscience. “Ca fait longtemps que je nageâ€. Demi-tour : panique. Respiration qui s'accélère. Je perds mon souffle, je me fatigue
Physiquement, je pense que ça va. C'est mon esprit qui pêche, me fait perdre mes moyens.
Ca y est, je le sais. Je vais mourir ici, je ne reverrais jamais mes filles. Ni ma compagne. Ni mes parents, ni mes frères.
C'est fini.
Impossible de savoir combien de temps a duré cette panique : quelques secondes, quelques minutes.
Toujours est-il que je suis ici pour écrire ces mots ; j'ai réussi à reprendre le contrôle de mes émotions, et surtout de ma respiration.
J'ai mis peut-être 25 minutes à revenir à bon port. Sur le retour, je ne voyais plus les poissons, ni la beauté des fonds marin. Comme à l'aller, j'avais débranché mon cerveau, mais cette fois en mode survie et non extase. Je ne voyais plus rien, hormis le fond de mon âme.
Surtout, j'avais trop peur de croiser le regard de Méduse.
Écrit par Sylvain
"Aimer, ce n' est pas se regarder l' un l' autre [enfin si quand même un peu], c' est regarder ensemble dans la même direction"
Catégorie : Divers
Publié le 21/02/2023
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Divers à découvrir... | Poèmes de Sylvain au hasard |
Annonces Google |
Bonjour Sylvain. Une expérience fort douloureuse dont l'issue est heureusement merveilleuse. Vous êtes en vie pour nous la raconter. Merci. |
|
Charlie |
Bonsoir, Et Vous aime encore l'Eau ??? :) Asticoter la Murène ? ouh !! Beau Texte ! LyS .. |
|
Lys-Clea |
mais quel voyage médusé ! | |
mayssa |