Je hais les grappins
Je te revois en rêve, vrai-faux souvenir déformé par l'esprit
Une ombre grise dans un décor nébuleux
Sombre et brillante
Quand tu te figes dans le crépuscule de tes pensées
Tu sembles à des années-lumière de ton corps
Perdue dans les limbes métaphysiques de ton âme
Puis tes yeux trahissent ton retour à la réalité
Tels deux grappins verts s'accrochant au monde
Tant bien que mal. À la réalité. Ma réalité, du moins
Celle de mes fantasmes.
Je hais les grappins
Ceux qui s'y raccrochent ne sont jamais qu'en sursis
Prolongement éphémère et inutile d'un bonheur volé
D'un bonheur imaginé, même.
Quitte à tomber autant le faire rapidement, pas dans une lourde et douloureuse chute sans fin
Quitte à se raccrocher, autant le faire avec ses ongles
Sentir la peau se fendre sous leur crissement
Sentir la douce tiédeur du sang se répandre sur nos mains
Car ta réalité, impalpable et inaccessible, n'a jamais été la mienne
Elle s'est toujours envolée quand j'allais la toucher du doigt, si proche et si lointaine
Je hais les grappins
Mais ils sont ma bouée de secours
Mon rempart contre la noirceur
L'outil qui me sauve de l'inhumanité
Ce matin, je me réveille et je pleure
J'ai touché notre réalité du bout des ongles
Ce matin, ils sont rouges et sentent le cuivre
J'ai perdu mon grappin
Écrit par Sylvain
"Aimer, ce n' est pas se regarder l' un l' autre [enfin si quand même un peu], c' est regarder ensemble dans la même direction"
Catégorie : Divers
Publié le 04/10/2022
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La réalité, c'est ce qui demande le plus de courage Beaucoup on cette haine (ou crainte) des grapins La dernière strophe est vraiment très belle Merci |
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Edelphe |
Je pense que les univers de chacun sont bien plus réels que la nudité du monde. Ce poème envoie son cri, et les échos reviennent en lecture, je les garde. | |
Comete |