Ephèmères.

Il y eut un jour une soudaine aurore,
Une clarté venue d'ailleurs, un rêve prenant forme.
Il y eût dabord tes mots, souriants et gais, pleins de tendres mystères ;
Ta douceur, ta jeunesse curieuse, provoquante et sans loi.
Un jour, soudain,
Il y eût toi.

Toi, qui au fil des jours, faisant fi de mon insultant silence,
Assidue et tenace, patiemment m'offrais ta prose.
Des mots qui comme des caresses déjà faisaient battre mon coeur ;
Usaient les fils ténus de deuil et de douleur de ma sombre carapace.
Sans que tu ne le saches, déjà,
Il y avait toi.

Puis soudain, inattendue, surprenante comme un nouveau soleil
Ta voix aux accords chantants tel un ruisseau vibrant
Illumina ma douloureuse pénombre ;
Réchauffa mon corps transit, bouleversa mon âme,
L'enchaînat à jamais.
Et là où hier encore n'étaient que les terres noires de l'arcane
Fit venir le printemps.

Et puis un jour,
Un jour tu fus là.
Tout sourire, malicieuse et belle, Rayonnante !
Goûtant à la vie,
Mordant à pleines dents dans ces fruits rouge goûteux et tendres
Qu'à ta bouche suave offraient mes mains tremblantes.
Et soudain, de nouveau;
Mon âme se mit à rire.

Et puis il eut des jours et des nuits,
D'un amour intense, d'une tendresse sans faille ;
D'une passion qui aurait pu durer cent ans !
Mais radin comme une vieille femme sans gloire
Le printemps compte parfois ces jours,
Doucement, sans prévenir, la lumière se fait moins belle
La flamme vacille, le feu s'éteint
Et avec elle, s'en va la vie
S'en va la belle,

Aucun mot, aucun dire, ni maudire, rien que le silence ;
Douloureux et pesant, cruel comme un fer de lance
Qui vous perce le coeur, vous prive de toute voix.
Comme les promesses, les fleurs les plus belles aussi se meurent
Parfois même se fanent avant d'avoir vraiment écloses,

Ephémères !