Sur quel ton le monde est-il peint ?
Sur quel ton est-ce que tu me le dépeins ?
De quelle façon est-ce que tu vois la vie ?
Moi, parfois, je la vois depuis un parvis,
Le parvis d'une gare, au milieu de Paris,
Les gens qui passent, un peu trop aigris.

Sur quel ton le visage est-il façonné ?
A quoi correspondent ta bouche, tes yeux, ton nez ?
Effectivement, c'est quelque chose d'inné
Mais pas seulement, c'est plus dangereux qu'un piège miné,
Le visage est-il un masque ou est-il vérité ?
Le coeur est-il le corps, ou un choeur de décors ?
Sommes-nous juste capables d'imiter
Ou est-ce qu'ailleurs, avant, en dehors,
Quelqu'un a vraiment inventé ?

Sur quel ton cette musique est-elle composée ?
Pourquoi ce sont ces rimes qui y sont posées ?
Pourquoi c'est l'écriture qui à moi s'est imposée ?
Cela faisait longtemps que je n'avais plus prosé
Je ne sais pas si je n'en avais pas besoin ou si je n'avais pas osé...
En tout cas le monde continue de tourner
Il y a trop de séjours que j'ai ajournés
Alors me revoilà ici, au point de départ,
A demander au monde, à qui veut entendre,
Si il y a un ton qui me corresponde quelque part,
Si le ton que je cherche permet de se détendre,
S'il est fait pour se fendre la poire,
Si je dois juste attendre,
Ou si je dois aller voir ...

Les tons sont si nombreux et si variés
Si vous voulez je suis prêt à parier
Que la plupart des tons de notre temps sont avariés
Mais que le monde ne tournerait pas s'il n'était pas rayé.