À l'arrière des métros
Aux reflets des folies
La voix dans un stylo
À m'inventer la vie
J'étais seul et pourtant
Nous étions des dizaines
Des fantômes vivants
Et le bruit de nos chaînes
Une femme en métal
Lisait les noms des grands
Sur des affiches sales
Sous des dessins gênants
Quand les portes s'ouvraient
Sans le savoir vraiment
Le monde se croisait
Quelques milliards d'enfants
À l'arrière des métros
On voit le ciel en vrai
Le soleil en moins gros
Et les gens de plus près
On se regarde tous
Juste du coin des yeux
On se colle, on se pousse
L'abattoir et les bœufs
Le monde est trop petit
On s'entasse sous terre
Des milliards de fourmis
Et des vers à la terre
J'écris sur mon écran
Un cahier ferait fuir
J'écris la vie des gens
À les r'garder mourir
À l'arrière des métros
Dans les odeurs de nuit
J'ai pas toujours les mots
J'ai pas toujours envie
De lever le regard
À tous ceux qui le baissent
Le monde est en retard
Sur toutes ses promesses
Les oreilles sont pleines
De machins en plastique
Chacun garde sa peine
Rouge sang, rouge brique
On a rien dans les veines
Et nos peaux sont des murs
Aucun chemin ne mène
Au-delà des murmures
À l'arrière des métros
Je n'ai plus peur du monde
Du semblant d'être beau
Les vitrines s'effondrent
Pour laisser apparaître
Les éclats, les rayures
On est tous un peut-être
Un nom sous la rature
Un matin j'ai laissé
Brûler un peu le feu
Quelques morceaux d'été
Des galets sous mes yeux
Les souvenirs au bord
Des quotidiens usés
On est tombé d'accord
Quelqu'un m'a regardé
Quelqu'un m'a regardé
À l'arrière du métro
Quelqu'un m'a regardé
Et sans dire un seul mot
Elle a parlé de moi
Et moi j'ai parlé d'elle
Le silence est la voix
Qui vous dit le réel
À l'arrière du métro
J'suis jamais descendu
Il est tard, il est tôt
Je crois que je n'sais plus
Et les stations s'enchaînent
Peu m'importe l'endroit
Peu importe la tienne
Ma station sera toi.
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Écrit par Quai 21
Le vrai talent n'est il pas de bien cacher le fait qu'on en soit dépourvu ?
Catégorie : Amour
Publié le 17/05/2025
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Il serait vraiment regrettable que ce texte n'ait pas eu au moins un commentaire qui en ferait la louange ! Donc me voilà, je suis plutôt avare en commentaires mais la moindre des politesses est d'exprimer ici comme votre texte est sobre et touchant à la fois, comme il dépeint tristement la réalité mais aussi la lumière qui s'accroche au coin de l'oeil, comme il appelle au réveil tout en brillant d'espoir... Je lui ai trouvé une poésie folle qui m'est resté au coeur. La dernière image est d'une simplicité merveilleuse et je trouve qu'elle illustre parfaitement l'esprit poétique du texte. Bravo et merci de nous permettre de découvrir un peu de vous à travers les yeux d'un autre :). |
Naliwe Lewan ![]() |
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Wow ! Le commentaire précédent m'a guidé vers ce sublime texte. Un instant qui dit tant sur l'humain à la fois cet inconnu et soi. Particulièrement : À l'arrière des métros Dans les odeurs de nuit J'ai pas toujours les mots J'ai pas toujours envie De lever le regard À tous ceux qui le baissent Le monde est en retard Sur toutes ses promesses Bravo ! |
Yuba ![]() |
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Merci beaucoup Naliwe et Yuba pour ces précieux retours 🤍 |
Quai 21 ![]() |
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A chaque fois que je viens à Paris et dois prendre le métro je me demande comment ceux qui le prennent tous les jours le supporte . Votre plume sans concession voire acerbe décrit bien les solitudes qui se croisent sans se voir... avec la note d'espoir tout de même quand deux regards se croisent et que l'humain retrouve ainsi son humanité ! Merci beaucoup Quai pour ce très beau texte |
San2574 ![]() |
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Merci beaucoup San 🤍 |
Quai 21 ![]() |