Le 05/03

Je n'imaginais pas finir six pieds sous terre
Jetée par cette femme qui essaie de se taire
Etouffant ses sanglots et les ravalant.
Je vais tomber près de mes équivalents.

Attendant patiemment que l'on me lance
Entendant des pleurs troublant le silence
Puis sentant un baiser sur mes doux pétales
Ainsi qu'une larme qui lentement s'étale

Je sens derrière moi la peine et les regrets
Pour ce départ auquel personne ne n'agrée
Je sens omniprésent un parfum de tristesse
Distinguable malgré la pluie qui tombe averse

Je m'ouvrais quand une main m'a déracinée
Malheureusement telle était ma destinée
Je n'ai donc pas opposé de résistance
Elle m'a tout de même tenue avec insistance

Puis elle m'a jointe à un bouquet immense
Composé de mes sœurs avec autant de malchance
Chacune d'entre nous aurait préféré rester
Ainsi, comme moi, la plupart pestait

Je ne sentirais plus la rosée du matin
Ensuite évaporée par le soleil qui m'atteint
De ses longs rayons pour me réchauffer
Et me rendre aussi lumineuse qu'un trophée

J'aurai préféré finir dans une foule joyeuse
Lancée par une mariée dans sa robe soyeuse
Ou être tendue par la main tremblotante
D'un jeune homme timide à sa future amante

J'aurai pu être choyée par un jardinier
M'arrosant jusqu'à ce que je sois fanée
Ou grandir de moi-même dans une prairie
Ou encore orner la façade d'une mairie

Mais voila que je sens que les doigts se desserrent
Et moi qui espérais finir dans une serre
Voila que je chute, je dégringole, je tombe
Dans celle d'un homme et dans ma propre tombe