Je marche vers toi dans le gris de l'hiver. Le froid me transperce les poumons mais je continue d'avancer dans la ville déserte mais surtout vide de toi. Je traverse ce parc où nous nous sommes rencontrés une nuit étoilée, et je repense en souriant au premier regard que tu m'as adressé, tes yeux noirs reflétaient le ciel nocturne dans sa fraîcheur et sa pureté. Avec nostalgie, je m'assoie un instant sur ce banc qui était devenu notre refuge et le témoin de nos discussions en tout genres.
Me croyant seul en cette triste fin d'après-midi, j'aperçois avec surprise un gamin qui se balançait doucement sur la balançoire, seul, les yeux fixés dans le vide. Il se tourne alors vers moi et me regarde à son tour.
On s'observait en silence, et un étrange sentiment naissait au plus profond de nous. Au regard de nos solitudes on s'échangeait nos souffrances sans dire un mot, et le temps demeurait suspendu dans le parc abandonné.
S'il était gamin et moi adolescent, nos mêmes yeux bruns reflétaient nos mêmes illusions, comme si on se découvrait dans un miroir.
J'étais lui et il était moi, et alors qu'on réalisait cela la neige se mit à tomber. On a levé ensemble la tête vers le ciel, comme si les flocons avaient attendu cet instant pour enfin descendre de leurs cieux. Ils se déposaient sur nos visages en douceur, avec tendresse.
C'est en reposant le regard sur le gamin en larmes que je me rendit compte que je pleurais moi aussi. Et la neige continuait de tomber sur nos douleurs, nous soulageant de nos pensées de son voile blanc qui enveloppa la ville grise.
Le gamin sécha ses larmes d'un mouvement de manche et partit avec un dernier regard empli de mélancolie et aussi de gratitude.
Je resta planté là sur mon banc un moment avant de repartir pour te retrouver, car tu devais m'attendre.
Mes songes quittent le gamin pour revenir vers toi et sur ce chemin qui m'est devenu familier je semble respirer l'odeur de ton parfum, ou serait-ce le vent qui se lève ?
J'ouvre la vieille grille qui grince comme toujours avec un bruit étrangement apaisant. Je me dis avec une triste ironie que finalement, nos rendez-vous auront été plus fréquents dans ce lieu que dans le vieux parc. Je dépose auprès de toi des perce-neige que j'ai ramassé en chemin, je sais que c'est ta fleur préférée.
Toi qui a toujours aimé la neige, tu dois être heureuse aujourd'hui. Les flocons ont recouverts le cimetière d'un blanc immaculé comme pour purifier les âmes enterrées ici.
Je grave un coeur dans la couche de neige sur ta tombe avant de te quitter à ton sommeil.
Bonne nuit, mon amour.
Écrit par Poesie nocturne
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Catégorie : Amour
Publié le 15/02/2015
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Trop compacté. | |
Intruder |
...je ne sais plus quoi dire...ce poème est tellement émouvant..! J'adore cette chute car on ne s'y attend pas (je pense que c'est le but ;p). C'est juste sublime et magnifique..dans un univers sombre et triste.. | |
Lizea |
une belle construction poétique...bon Dimanche! | |
pat |
De l'émotion plein les yeux ...à la fin il y a tout de même cette chanson de la Vie ( la fleur) qui reprend ses droits...belle lecture ! Amitiés |
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Yuba |
Superbe ! Quelle déluge d'émotion dans ce poème en vers libres ! Vos mots nous transportent au fil de vos vers libres comme le vent et doux comme une larme apaisant le brasier de la douleur, et l'on se laisse porter par leur fluidité vers le Soleil de ces émotions que vos mots transmettent si admirablement. Merci de tout cœur de partager cet admirable texte avec nous ! | |
Florent |
J'aime particulièrement... :) | |
MATHEOSILVIA |
J'ai tant des choses à vous dire.. tendresse........ |
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1etoile sous la pluie |
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