Photographie, assez vieille, d'une barrière. Personne. Pas de couleurs, ou, du noir, du gris et du blanc. On imagine les couleurs du fer, foncé et tirant sur des verts, forgé. Un pan de mur et d'immenses colonnes. Trois portes encastrées dans trois voûtes romanes ; la pierre, le pavé, le bois, tout se mélange et se côtoie. Une colonne monte au coin gauche, on suppose les traits du toit et l'oiseau noir qui prend son envol. L'oiseau noir, est-ce que tu le vois ? Il s'envole jusqu'au clocher et on entend sonner le glas. Personne.
Sans doute était-ce pendant l'hiver, je sens le froid sur mon visage, il s'engouffre par l'avenue. Quelqu'un. Un homme s'avance du fond d'une rue, dans l'ombre, on ne le distingue presque pas. Ici, dans le coin supérieur droit. Il se dirige vers l'église. Noir. Ce visage, ne le connais tu pas ? Regarde ! Dans sa main gantée, il serre avec délicatesse, un petit morceau de papier :
Photographie, assez vieille, d'une barrière. Personne. Pas de couleurs, ou, du noir, du gris et du blanc. On imagine les couleurs de l'herbe, foncée qui borde cette large pierre, gravée. De Profundis. Et l'oiseau fuit le bruit qui s'échappe du clocher, il tourne, il descend doucement, il frôle la barrière, puis il vient se poser, calmement, sur la pierre en perdant au passage une belle plume noire ; plume que le vent soulève et que le vent promène, le vent qui s'élève, le vent qui se déchaîne, les papiers virevoltent, tout n'est plus que folie et j'attrape la plume, au coin, de la photographie.
Écrit par Paul Egreffoy
"La littérature, c'est une affaire entendue, est du chagrin dominé par la grammaire." J. d'Ormesson
Catégorie : Divers
Publié le 23/03/2010
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