Par la fenêtre s'envolent
Quelques papiers griffonnés
Passent passent sous le vieux pont
Passent passent par le fond
Des livres
Des livres partout
A ne plus savoir quoi en faire
Des fusains
Des crayons
Des aquarelles qui trainent salement
Lie de peintures grasses écœurantes
Macule huileuse placardée sur le mur
Stigmates sur les phalanges
Phalanges plantées dans la poitrine
Orgueil de la décadence
Bouche pâteuse décomposée
Chancres dégouttant du cerveau
Obsession névrotique
Par la fenêtre s'envolent
Des rêves de génie
Chimère !
Passent passent sous le vieux pont
Passent passent par le fond
Flatteries spécieuses de feux follets
Amour, amis, argent
Babioles !
Frénésie artistique
Pour une œuvre bagatelle
Applaudissements du public
Lettres lettres lettres
De respect de remerciements d'amour
Des fanatiques
Vénération perverse
Méandre pour l'esprit
Plaire
Plaire
Encore et toujours plaire
Surpasser dépasser
Egaler seulement
Approcher
Coup de poing de la plume
Un cri
Un dégoût
Tête dans les genoux
Et les yeux retournés
Les yeux du martyr
« Laïos ! Pourquoi te tuer ?
Engager un duel et promettre ma mort…
Quoi ? Vaincre ? Les Parques sourient !
On coupera le fil bien avant le cordeau.
Je ne veux pas ta mort ! Vis ! Vis ! Je t'en supplie !
Et laisses moi le temps de renforcer mon bras,
Pour qu'enfin à mon tour je devienne le roi,
Que tu quittes ton trône mais que tu me voies
Et que tu saches alors que je suis bien ton fils :
Que je t'ai surpassé tu quoque mi patris »
Par la fenêtre s'envolent
Tant des espoirs de fierté
Passent passent sous un vieux pont
Passent passent et se défont
« Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent »
Le dernier passage entre guillemet est extrait du poème Corps de Chasse de Guillaume Apollinaire. La répétition du vers "Passent passent sous le vieux pont" file la référence à Apollinaire en reprenant la métaphore du poème Le Pont Mirabeau.
Enfin, Laïos est le père d'Oedipe.
Écrit par Paul Egreffoy
"La littérature, c'est une affaire entendue, est du chagrin dominé par la grammaire." J. d'Ormesson
Catégorie : Divers
Publié le 22/03/2010
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superbe , de la vraie poésie,,, | |
flipote |