Ami, je cherche le chemin
Qui me conduira sous ta tente
Et qui m'ouvrira le matin.

Dans le tumulte et le chaos
De mon âme sombre et pesante,
Toi seul seras source et repos.

Je laisse les attraits du monde
Et le vacarme du néant
Se briser dans l'onde profonde.

Quel est ce torrent qui emporte
Parmi sa course de géant
L'écume de ma flamme morte ?

C'est l'indicible de ta voix,
C'est l'invisible du silence,
C'est l'intangible de tes doigts.

C'est ce souffle enfanté des cieux
Où tout s'achève, où tout commence,
Ce regard qui échappe aux yeux.

Ma chambre la plus retirée
S'offre à devenir ton palais,
Ma lampe s'y tient, allumée.

Ah ! Si j'entrais dans l'arche sûre
De ta présence, je pourrais
Boire au creuset de ton murmure !

Mon geste restera secret,
Secrète sera ma prière,
Et secret ce pas en retrait.

Car voici que l'orbe du coeur
Se fait cosmos, devient lumière,
Feu dévorant, pure blancheur.

Le matin rompra ses attaches,
Au vent des arbres du jardin,
Où tu m'attends, où tu te caches.

J'aspire au repos de ta tente :
Ami, je cherche le chemin
Qui conduira ma hâte lente.

* * * * * * * * * * * *

Note : Ce poème est le troisième et dernier volet
du "Triptyque du Grand Carême".
Il fait suite à "Te conduire au désert"
et à "Seul dans le silence".
Ce volet-ci s'inspire des passages bibliques suivants :

- Livre de Joël - Chapitre 2 - Versets 12 et 13
"Revenez à moi de tout votre coeur,
dans le jeûne, les larmes et le deuil.
Déchirez vos coeurs, et non pas vos vêtements,
et revenez au Seigneur votre Dieu,
car il est tendre et miséricordieux,
lent à la colère et plein d'amour."

- Evangile selon Saint Matthieu - Chapitre 6 - Versets 1 à 18
"Si vous voulez vivre comme des justes,
n'agissez pas devant les hommes pour vous faire remarquer ..."