Là-bas, là où s'en va la lente et longue plaine,
Là où la neige étend son pas d'éternité,
Quelque part, le silence irisé a tremblé
Faiblement, tout là-bas, sur la route lointaine.
L'attente suspendue est à peine un murmure,
Un souffle qui grandit, un sourd bourdonnement
Grave et réconfortant, amical, bienfaisant,
Un choeur où s'est posée la forêt forte et pure.
La cloche a retenti, le temps est immobile,
La foule s'est pressée vers le porche entrouvert
Où s'avancent déjà, du fond du vaste hiver,
Les icônes, l'encens, la pénombre tranquille.
Il y a la coupole égale et tutélaire,
Il y a les regards de lumière habités,
La joie transfigurée, les murs comme effacés,
Les célestes parvis descendus sur la terre.
Il y a cette voix, enfin, basse, profonde,
Capable de porter, d'embrasser, de couvrir
La lente et longue plaine où rien ne peut finir,
Capable d'éveiller, de soulever le monde.
Et tout là-bas, au loin, où s'irise la route,
Le silence est immense et le ciel nu étreint
Le souffle solitaire au pas du pèlerin ;
Car la plaine est si vaste, et si longue la route ...
* * * * * * * * * * * *
Note : Ce poème s'inspire essentiellement
de la spiritualité des pèlerins-vagabonds,
centrale dans la relation à Dieu en Russie,
et de la nouvelle d'Anton Tchekhov
"La nuit de Pâques"
(extraite du recueil "Le violon de Rotschild")
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Spiritualité
Publié le 03/02/2020
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Spiritualité à découvrir... | Poèmes de Ombrefeuille au hasard |
Annonces Google |
un poème fleuve que j'ai beaucoup apprécié le mystère de l'hiver russe de ce pélérin qui chemine dans la neige et le froid...une atmosphère intense s'en dégage amitiés:) | |
romantique |
Bonsoir, Favoris ! L'Esquisse est habilement peinte .. L'Emotion est palpable sous les Mots lus .. Le Paysage et son pas d'Eternité mêlé à la Voix qui embrasse , étreint : MA GNI FI QUE !! Merci de ce PARTAGE SPIRITUEL où se pare une Magie Exceptionnelle ! Lys-Clea |
|
Lys-Clea |
magnifique c'est un tableau de longue haleine où je chemine avec toi près d'ici il y a une chapelle orthodoxe très jolie tenue par quelques nonnettes orthodoxes j'adorais y aller un jour il m'y est arrivé quelque chose mais je ne sais plus quoi lorsque j'entre dans un nouveau temple il se produit toujours une flambée intérieure mes élèves m'ont fait connaître leurs cultes différents quelle richesse ! islam pentecôtiste khmer j'ai assisté à des cérémonies familiales comme l'adieu à la grand-mère toujours bien vivante à qui l'on offre des cadeaux pour l'au-delà, elle en rayonne de joie . quand ma fille est partie elle m'avait laissé une icône au dos de laquelle était écrit: pars ne te retourne pas, je ne l'ai trouvée que des années après. Comment peut-on ignorer qu'il y a du mystère quelque part ? je relis je relis c'est très riche et profond aussi pardonne ce laÏus j'allais aussi à la chapelle du pèlerin à St Antoine un très vieux moine disait l'office, une toute petite chapelle et il dit "mourir c'est quitter le bleu de travail pour revêtir l'habit doré du dimanche" |
|
marinette |
Quel fabuleux voyage ! C'est ainsi que j'ai senti ce poème ,comme une évasion infinie vers un monde inconnu mais qui nous acceuillepourtant avec une grande sérénité... Merci et bravo Ombrefeuille ! |
|
Yuba |
Ce poème est incontestablement l'un de mes ultra préférés de ta plume, ma chère Ombrefeuille, car tu y traduis très bien l'âme de la Russie et de la spiritualité des pèlerins-vagabonds, effectivement très importante dans ma seconde culture. Là-bas, on les accueille, on les nourrit, on subvient à leurs besoins en ne leur demandant, en retour, que des prières. Ils sont les gardiens des âmes des russes, en somme des anges gardiens humains! Tes mots semblent voler à travers la steppe russe, nous emmenant, à la suite de ce pèlerin, de la vaste plaine jusque sous la coupole d'une église de village... Mais j'arrête là, car je pourrais en écrire des kilomètres! :D Merci de tout coeur pour cette lecture si apaisante, juste avant d'aller dormir... Grâce à toi, mon coeur est en Russie ce soir (encore plus que d'habitude, car il y est toujours) et je vais faire de beaux rêves! Favori, cela va sans dire... mais ça va mieux en le disant ;) |
|
Matriochka |
J'ai le souffle coupé devant votre poème si cher, Ombrefeuille... Il va aux favoris. Je le relirai souvent, tant il avance d'un pas tranquille et assuré et sonne si harmonieusement. Il me faudrait longtemps espérer et veiller pour composer de la sorte, aussi je suis admiratif, car de plus le sujet se prête merveilleusement à ce traitement poétique. Et, après une journée compliquée hier lundi, sans être difficile, je ressens le besoin d'un bain de poésie pour me retrouver... Mille mercis d'avoir offert ce poème majestueux à la lecture, et de l'avoir créé ! J'avais lu un roman de Tchékov, je vais lire celui dont vous parlez, car j'ai trop besoin aujourd'hui de cette spiritualité ci ! | |
jacou |
Merci à tous et à chacun pour vos lectures attentives et les mots que vous posez ici en partage. Tous me touchent infiniment. Il me serait impossible de dire combien ce poème est essentiel pour moi. Il fait partie de ceux que je qualifie de "testaments". Je suis heureuse d'avoir pu rejoindre chacun d'entre vous dans ce qu'il vit et recherche, dans le pas de son quotidien et dans l'élan de son âme. Peut-être ai-je quelque peu correspondu à ce cheminement des pèlerins-vagabonds de Russie ...? Je le souhaite :) |
|
Ombrefeuille |
C'est superbe Ombrefeuille, j'ai besoin de le relire encore car quelque chose de saisissant s'en dégage. Merci beaucoup pour ce bouleversement poétique... Je t'embrasse :-) | |
Ombellune |
Mille mercis, chère Ombellune, pour ce chemin parcouru au fil des mots que j'ai prêtés à ce solitaire pèlerin, si riche d'inspiration pour moi Comme lui j'aime le silence de l'âme et aussi ce mystérieux silence caché dans la splendeur des choeurs russes. |
|
Ombrefeuille |
Annonces Google |