Profonde est la forêt où la lune a planté
Les ombres du silence et la nuit neuve encore,
Insondable est l'ailleurs où le rêve a plongé
Le sommeil de celui qui dort jusqu'à l'aurore ...
Il y a sur la branche un danseur presque nu
Et soudain sur la mousse un poudroiement sublime
Tombé de quelque étoile au moment où s'est tu
Le roulement confus qui montait de l'abîme.
Il y a cette ville où tout semble désert,
Où le pas vertical s'arrête avant qu'il pleuve,
Où s'égare le soir, où s'effeuille l'hiver,
Et ces rues envolées qui traversent le fleuve.
Et pourquoi serait-il interdit de s'asseoir
Au bord de la fenêtre, au dix-huitième étage ?
C'est de là qu'on entend, c'est de là qu'on peut voir
La cantate sans voix de la mer sans rivage !
Quel est cet inconnu qui me serre la main ?
Et quel est ce pays où la brume m'emporte ?
Je veux rentrer chez moi, j'aviserai demain ...
Qui a inscrit le nom d'un autre sur ma porte ?
On dirait que la ville a avalé le vent ...
Au fond de la forêt le frôlement d'une aile ...
Sur sa branche givrée le danseur nu attend ...
Et la brume a soufflé le fleuve et la chandelle ...
Le dormeur effrayé se réveille en sursaut,
Se recouvre d'instinct, tend l'oreille, immobile ...
Tout est calme ici-bas, rien ne bouge là-haut,
Profonde est la forêt où sommeille la ville ...
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 31/10/2019
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Ton poème nous entraîne dans ce monde des rêves où la réalité que nous connaissons quand nous sommes éveillés n'a plus de prise, même plus de place. Tout y est si différent, comme un univers parallèle, que nous ne pouvons atteindre que quand nous sommes endormis. Et par tes mots, tu nous fait toucher du doigt ce monde étrange, paradoxal justement! Bon, c'est plutôt rare quand je me souvienne de mes rêves... et quand c'est le cas, il s'agit toujours de mauvais rêves qui me laissent un drôle de sentiment au réveil, voire de cauchemars! |
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Matriochka |
Merci mille fois, chère Matriochka, pour ce comm élogieux ! J'ai la particularité de me souvenir assez souvent de mes rêves, chose des plus inconfortables ! Alors je me suis dit : Autant en faire un poème :) |
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Ombrefeuille |
Superbe nuit où l'inquiétante étrangeté des rêves rend incertaines les assurances humaines et le sonnet est de toute beauté! | |
Banniange |
quelle richesse de verbe et de rêve les rêves sont nos figures intimes |
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marinette |
sublime de mystéres de secrets intenses un moment d'eternité merci amitiés:) | |
romantique |
Emporté dans le torrent de vos vers de si belle prestance, j'ai déroulé ma lecture dans un souffle. C'est vraiment magnifique d'écrire ainsi, un poème si harmonieux où forme lyrique et expression si dense des impressions, dans chaque strophe si riche en termes précis à côté de mots caressants, sont de vrais plaisirs. J'ai pensé pour ce poème un à Paul Valéry si lyrique mais penseur, qui aurait rencontré Rilke (comme ce fut le cas) au moment d'écrire en émotion dense ce carrousel de sensations qu'est votre poème. Félicitations à vous (dans mes favoris) ! | |
jacou |
Ce poème me fait penser à un gracieux court métrage que j'ai vu il y a quelques années. Il n'est plus en ligne sur youtube malheureusement. Mais toutes les images poétiques créent une atmosphère particulière, et le danseur nu en particulier m'a beaucoup plu. + une musicalité géniale : merci de ce nouveau favori Ombrefeuille, j'ai passé un excellent moment de lecture ! | |
grêle |
Sublime ! J'aurai aimé rester encore dans ce pays , alors je mets l'écrit en favoris ... Car j'y ai voyagé hors du temps et de l'espace sans me sentir étrangère , au contraire en sécurité dans des images à couper le souffle... Bravo et merci Ombrefeuille ! |
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Yuba |
Chapeau bas. L'équilibre maintenu jusqu'au réveil, par la grâce qui accompagne ce poème. |
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Weedja |
Mille mercis à tous et à chacun :) C'est exactement cela, Banniange : les rêves ont ce "pouvoir" de jongler avec le certain et le probable, avec le réel et l'imaginaire. Tu as trouvé les mots justes, Marinette. "Figures intimes", c'est d'une saisissante vérité. Merci également pour le lien, mais heu ... je ne suis vraiment pas douée pour ce genre de manip avec un lien non-actif, je mélange les clics !!! Merci malgré tout pour ta délicate attention :) Romantique, vos mots toujours si amicaux me touchent beaucoup Jacou, vous allez me faire rougir de confusion, car je ne pense pas avoir atteint aux sommets lumineux et vertigineux que sont Paul Valéry et Rainer-Maria Rilke ! Votre hommage m'honore ! Je suis heureuse, Grêle, de vous avoir offert ce moment onirique. Il est vrai que mes rêves sont en général tellement tumultueux que je pourrais sans peine imaginer d'autres poèmes ... ce qui, au fond, me tenterait bien. Qui sait ? C'est vrai, Yuba, les rêves sont notre pays intérieur, à la fois très personnel et secrètement universel ... Bien vu, Weedja ! L'équilibre, en effet, semble être tout l'enjeu ici, ce qui se cache dans notre inconscient et qui s'exhale au cours des rêves représentant notre part de "funambulisme" intérieur. Et encore un merci chaleureux à toi, Matriochka ! Tu as saisi à la perfection notre quotidienne "dualité" : la pleine conscience et l'inconscient, la veille et le sommeil. Merci à tous pour ces mystères partagés. Mais au fond ... la poésie n'est-elle pas soeur de nos rêves ? ;) |
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Ombrefeuille |
Ce poème m'a enchanté car il m'a permis de voyager dans un monde irréel fait de réalité d'imaginaire et vraisemblablement de pensées cachées au fond de notre mémoire. Belle nuit | |
roserose |
Merci, Roserose ... et pardon de répondre si tardivement. Ce mystère qu'est le rêve me fascine dans tous ses aspects, aussi bien quant à son déroulement "clinique" (les diverses phases) que dans la portée qu'il recèle, quant au sens qu'il voile et code ... Et quand on fait des rêves tordus à peu près toutes les nuits (et qu'on s'en souvient) comme c'est mon cas, on a une riche matière à étude et à inspiration :) |
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Ombrefeuille |
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