Mon vieil ami le Temps qui passait par ces bois
M'a chanté ce matin de sa plus belle voix
Que sa fuite est inexorable.
Puis il s'est éloigné, me laissant macérer
Sur la fin du chemin que je dois préparer
Afin qu'elle soit honorable.
Lors, il ne convient plus de remettre à demain
Ce déplaisant moment que l'on nomme examen
Où l'on scrute sa conscience.
Il me faut donc veiller à ne rien oublier,
À ne rien occulter, à ne rien négliger,
À faire œuvre de patience.
Pragmatique et tenace est mon tempérament,
Ainsi que rancunier plus que passablement :
Je ne suis point nuque docile !
Ceux qui fidèlement m'accordent leur amour
Et soutiennent du leur mon pas de chaque jour
N'ont certes pas la vie facile !
Comme tout un chacun j'ai quelques ennemis
Et depuis ma jeunesse assez d'actes commis
Pour redouter le Purgatoire.
Envers moi cependant l'Éternel Tout-Puissant
Se montre si souvent tendre et compatissant :
Sa miséricorde est notoire.
À l'heure où je rendrai mon ultime soupir,
Quand je conjuguerai le présent de mourir,
Quand je quitterai cette terre,
Puissé-je m'en aller sans amertume au cœur,
Puissé-je sans trembler, sans crainte ni rancœur
Franchir le porche du Mystère !
Vous qui me porterez vers mon dernier repos,
Ne narrez point ma vie, gardez-en les échos
Pour vos adieux les plus intimes.
Accordez-moi, de grâce, une messe en latin
Ou l'encens d'un office en rite byzantin
Dont les accents touchent les cimes.
Si je pouvais choisir une tombe à mon goût,
Ce serait une croix d'un bois de rien du tout
Parée d'une icône modeste.
Comme ne puis rêver chapelle ni château,
Simplement en famille, en l'austère caveau,
J'attendrai le séjour céleste.
Mais dans ce cimetière au vieux portail grinçant,
Il n'y a que soleil et vent toujours courant,
Sans ombre où faire un petit somme.
Je m'attacherai donc à ne point trépasser
Avant qu'une bonne âme ait eu soin de planter
Un arbre, un compagnon en somme !
Amis qui m'offrirez vos posthumes saluts,
Soyez bons, je vous prie, déposez par-dessus
Une brassée de fleurs sauvages.
Amis qui me ferez la joie d'être venus,
Adornez, je vous prie, vos posthumes saluts
D'un peu d'azur et de feuillages.
* * * * * * * * * * * * *
Écrit d'après la "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète"
de Georges Brassens et selon la structure de cette chanson
afin que, si on le souhaite, mon texte se glisse dans la mélodie 😉
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Pensée
Publié le 11/05/2022
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je vous souhaite que ce voeux pieux vous soit exaucé Ce poème est un magnifique plaidoyer qui vous prend aux tripes un très beau partage merci @micalement |
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Gabrielle-E |
Votre poème est très remarquable, il dit des choses de haut prix pour que votre âme aille fermement se lover matériellement et physiquement il lui faudra séparer ses enveloppes et la poétesse sait que le divorce ne sera pas amiable car la personnalité que vous possédez est heureusement forte elle qui peut le monde, mais l'art vous a spirituelle et vous gardera d'errer entre les mondes quand il s'agira d'aller rendre visite aux êtres émanés reliant les feux humains aux choses de toujours qui sont sources de nos vies. Ce noble testament, d'une personne qui a accomplit, rejoint celui de François Villon, je trouve, il chante sincèrement et sans amertume une vie à ne pas regretter, en antériorité, ce qui est aussi remarquable. J'en fais mon favori. Merci à vous ! |
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jacou |
bonjour Ombrefeuille tes mots m'ont ému profondément...tu as su écrire avec ta plume inspirée une certaine "supplique" ardente et sage à la fois...le contexte et "cette" confession...livrée avec franchise fait de ce poéme un texte puissant mais humble à la fois ...je le place en favori! merci ...bonne journée à toi !prends bien soin de toi ! (au plaisir de te lire !)...amitiés vives :) |
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romantique |
Triste mais magnifique ! Une expression qui parle à tout le monde! Merci Ombrefeuille et bravo ! |
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virgile |
Les dernières gestions avant le grand saut, un poème très humain finalement, une façon de se raccrocher à la vie | |
Edelphe |
Voilà un poème riche de souhaits simples, d'intériorité que l'on se doit de faire avant de quitter ce monde. Un bouquet de mots qui emplit tout l'espace entre la terre et le ciel. Bravo, en favori! | |
fee-de-ble |
Profond et chaste, j'ai beaucoup aimé ce poème. Puissent vos souhaits être exaucés. Il y a un auteur (dont le nom m'échappe) qui a fait planter un arbre à côté de sa tombe le jour de son enterrement, pour être accompagné en tout temps. Votre poème m'a fait penser à cela, peut-être savez vous qui c'est. Je trouve l'idée très belle en tout cas. Bonne fin de semaine à vous. |
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c'est trop beau j'en souris de plaisir c'est si bien écrit c'est une grande sagesse et un apaisement du coeur que face à la mort on puisse faire une demande quelconque ... **Reposer en paix** mon imagination elle galope entre deux vents de roches en plaines et comme l'ombre la feuille et l'azur ,qu'elle franchisse les murs ... :) bravo Ombrefeuille c'est magnifique ( comme d'hab ) |
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MARIE L. |
Il fallait l’aisance et la profondeur de ton esprit délié pour écrire ses dernières volontés sous forme d’un poème - et quel poème! - car il s’y trouve toute la maîtrise de l’art poétique qui te caractérise, qu’il s’agisse de l’élan de ton expressivité ou de la forme. J’en apprécie le cheminement, de l’examen de conscience par lequel tu te mets sans fard en face de toi-même, à l’énoncé de tes ultimes demandes dont jespère qu’elles seront respectées, car je sais que tu ne les formules pas à la légère. Ce qui me marque, c’est que la tombe que tu désires est semblable à celle de mes grands-parents maternels (orthodoxes), faite de gazon où poussent des rosiers, ceinte d’une simple bordure de pierre et ornée d’une grande croix en bois où est aposée une icône et une plaque de petites dimensions. Ce que je retiens de cette supplique, c’est cette volonté que tu y exprimes de vivre en conscience pour mourir en toute dignité, en accord avec tes convictions profondes. Et en te remerciant de cet écrit qui ne peut que faire réfléchir, je remercie également le grand Georges (Brassens) de te l’avoir inspiré. Trois bises à toi... en espérant t’en faire de nombreuses autres encore, quand-même ;-) :-)*** |
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Matriochka |
Bonsoir Ombrefeuille, Sacré Texte.. Fort, puissant, qui scotche ! Sujet que je ne saurais traiter :) .. et que j'admire sous ta Plume .. BRAVO !! Et beau Clin d'Oeil à Brassens .. Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
Favori ... :) | |
Lys-Clea |
Un texte puissant ! Magnifique ! Un testament empli de Soi, empli de voeux, empli de Vie !... BRAVO !!! |
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Lucyline |
Grand merci à vous tous pour vos lectures profondes et vos réflexions méditées, et merci à tous ceux qui ont mis mon texte parmi leurs favoris :) Je l'ai écrit en me le chantant à chaque vers, afin de vérifier qu'il s'insérait parfaitement dans la mélodie de la "Supplique" du grand Brassens. Ce que j'aime, chez Brassens, c'est cette bonhommie avec laquelle il était capable de parler de la mort (la "camarde") et aussi la simplicité qui était la sienne face aux joies qu'offre la vie. Je ne sais pas si le "mécréant" qu'il était a apprécié l'usage plus teinté d'esprit catho que j'ai fait de sa chanson. Réponse lors du grand rendez-vous final, à l'heure d'aller voir là-haut si les choeurs angéliques recrutent dans le pupitre alto (le mien) quelques humaines voix transfigurées par le Passage :) |
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Ombrefeuille |
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