Homme libre, jamais ne chériras l'amer,
Car toujours chercheras la sublime envolée
Au-dessus du commun, loin de l'âpre mêlée
Où ton aile, parfois, tombe encore et se perd.
Affranchi du tumulte effréné des bavards
Dont tu perçois le vide empli d'incomplétude,
Tu prises les beautés de Dame Solitude
Qui ont charmé ton cœur et ravi tes regards.
Tu connais cependant la soif des longs déserts,
Cette marche immobile en des terres arides,
Ces mirages, passant tels des souffles rapides
Sur la crête du doute aux abysses pervers.
Et tu ne prétends pas à ta guise jouir
Du temps qui t'est offert et des feux de la vie,
Car ce sont là trésors qu'une âme inassouvie
Briserait sans retour, se piquant d'éblouir …
Mais tu sais qu'une source en ton antre secret
Coule, et comme un écho très pur de l'empyrée,
Te porte vers le large où ta quête émondée
Te pousse à préférer l'audace au vain regret.
Ainsi peux-tu poser des actes de vertu
Qui élèvent le monde et ton étoile ensemble,
Ainsi ton pas est sûr et ta main point ne tremble,
Dusses-tu pour cela demeurer inconnu.
* * * * * * * * * * * *
Note : Mon texte s'inspire de deux poèmes de Charles Baudelaire
"Elévation" et "L'homme et la mer"
dont j'ai détourné ici le célèbre premier vers
"Homme libre toujours tu chériras la mer"
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Pensée
Publié le 06/09/2020
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Il faut un sacré lâcher-prise pour en arriver à ce niveau d'élévation. Ombrefeuile, votre poème est majestueux tant dans la forme que le fond. Oh que je vous admire ! Bravo ! Et puis Baudelaire...Baudelaire quoi ! ;-) Je n'aurais pas osé. Vous vous pouviez. |
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Iloamys |
L'amertume de vivre souvent nous voue à la solitude. Mais les espaces retirés où nous lisions les bons poètes dans leurs recueils diamantifères ont besoin d'être confrontés à la foule de nos contemporains, pour être sûr que nous habitons le monde, et la quiétude ainsi s'acquiert de confronter la beauté détenue dans notre intérieur intime, aux charmes des tumultes inimaginables vécus qui tissent la sagesse intérieure, et de ces deux piliers nous élever au-dessus de nous-mêmes, nous surmontant ainsi que Nietzsche nous l'indiquait, car c'est seulement nous qu'il nous faut vaincre, ce nous qui guigne la turpitude et l'abaissement. J'aime votre poésie, qui maîtrise merveilleusement la réflexion avec l'art consommé de bâtir des beaux vers agréables à lire. Je mets en favori cette esquisse, où la poésie de Baudelaire, de faire de la faiblesse sensible une force critique, se trouve reconduite. Bon dimanche Ombrefeuille ! :) | |
jacou |
De toute beauté. Merci |
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Bavard ou solitaire, chacun y trouvera son compte... Ce versant de la solitude est très bien décliné, où l'homme puise une sagesse souveraine. Merci Ombrefeuille, bonne soirée, amicalement :-) | |
creature |
sublimes ces mots limpides qui détiennent le secret de la liberté de l'homme majestueux qui s'élève loin des turpitudes de l'existence...un écrit somptueux étheré et sensible!en favori ...merci de ce moment de grâce...bon courage!amitiés vives et chaleureuses:) | |
romantique |
Bonsoir Ombrefeuille , Et tes Mots s'élèvent au-dessus de Baudelaire .. Tu nous offres là l'Art Poétique fort étudié, exprimé de ta Plume si Juste .. On ne peut qu'être à Genoux devant un tel Travail ! L'Homme, la Mer seront toujours happés l'Un par l'Autre … Magistral ! Lys ;) |
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Lys-Clea |
Votre poème est sublime. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une citation de Baudelaire. Pardon d’avoir douté de votre plume, et merci pour ce sublime hommage ! | |
Naliwe Lewan |
Ce poème résonne pour moi comme un cheminement de l'âme, un itinéraire spirituel au sens large et dans son acception la plus élevée, où la liberté n'est pas de faire ce que l'on veut, mais d'assumer chacune de nos paroles, chacun de nos actes, et de chercher toujours l'élévation en tout ainsi que de considérer l'autre avec le respect de la dignité intrinsèque que lui confère son humanité. Alors je remercie le grand Baudelaire, maître de la poésie entre les grands (et dont le poème "Elévation" est justement l'un de mes préférés de toute la littérature poétique) de t'avoir inspiré ces vers que j'intègre à ma réflexion personnelle sur la vie et l'humanité. Et merci beaucoup à toi pour ce poème sublime qui est élévation en lui-même. *** :-))) |
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Matriochka |
Merci à tous et à chacun pour vos partages élogieux qui procurent à ma plume un plaisir infini, une joie extatique, car si j'ai eu le "culot" de "contre-citer" le grand Baudelaire (respect, Maître !), j'ai éprouvé en même temps un vertige certain, car quiconque veut monter si haut risque de retomber illico en des abysses de néant ! Oui, j'ai mis là ce que je pressens de la liberté, ce mot tant revendiqué, brandi, le plus souvent à tort car dans un sens qui en trahit l'essence. Car libre n'est point celui qui tire à soi la couverture, mais celui qui se décentre de soi pour conduire les autres à l'élévation, par le seul fait d'assumer ses actes et ses paroles, par son engagement entier. Je suis honorée, Naliwe, que vous ayez d'abord cru lire ici un poème de Baudelaire ! Il n'est éloge plus suave ! |
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Ombrefeuille |
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