Des profondeurs de la pierre
Où les siècles sont gravés,
Le silence et la lumière
Des longs parchemins ornés
Montent, source intarissable
Qui transfigure le temps.
Et sur l'aile insaisissable
Des chants revêtus d'encens
Se tient l'aurore infinie
Venue du premier toucher
Qu'aux montagnes d'Arménie
Le ciel voulut bien pencher.
Au tréfonds de la poussière
Où les pas des déportés
Se font muette prière,
La brûlure des étés
Du désert d'Anatolie
Assèche l'azur des puits
Dont la sève est abolie,
Car sous le manteau des nuits
Les étoiles sont figées
En d'insondables frayeurs :
Ô cruelles destinées,
Sans espoirs et sans ailleurs !
Du fin fond de la mémoire
Et des rives de l'exil,
Des méandres de l'Histoire
Et de son souffle subtil,
Des replis secrets de l'âme
Et de tout un peuple enfin,
Se dresse la pure flamme
D'un courage sans déclin
Qui, ployant sous la contrainte
Et le joug des Ottomans,
Préparait en son étreinte
La constance des vivants.
* * * * * * * * * * * *
C'est à dessein que je publie ce texte un 24 avril,
puisque c'est le 24 avril 1915 que commença la tragédie
connue sous le nom très juste de "Génocide Arménien"
par l'arrestation, sur ordre des autorités gouvernant
l'Empire Ottoman, d'un grand nombre d'intellectuels
arméniens vivant sur le sol de l'actuelle Turquie.
S'ensuivirent la déportation massive et le massacre sans
pitié d'un million deux cent mille Arméniens, du printemps
1915 à l'automne 1916 principalement.
Car à partir de septembre 1915 la consigne fut donnée par
les autorités ottomanes de tuer tous les Arméniens, hommes,
femmes, enfants, vieillards, infirmes ... Le but poursuivi
était de rayer ce peuple de la surface de la terre.
La France fut, entre autres, un pays d'accueil, notamment
le long de la Vallée du Rhône, et aujourd'hui encore on
sait que dix pour cent de la population de l'agglomération
de Valence a des origines arméniennes.
Enfin, il me semble important que nous ayons en mémoire une
tragédie tout aussi terrible et beaucoup plus récente : les
attaques subies au cours de l'automne 2020 par les Arméniens
du Haut-Karabakh, province arménienne "donnée" à l'Azerbaïdjan
par l'Union Soviétique en 1920.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Histoire
Publié le 24/04/2021
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bonsoir Ombrefeuille des mots de douleur cette cruauté que j'ai pu voir dans un documentaire sur ce génocide d'un peuple massacré sans pitié! cela me fait mal !et ton poéme est écrit avec ta plume inspirée !tu as eu raison d'en parler aujourd 'hui !cette mémoire doit perdurer! merci ! en favori ! bonne soirée prends soin de toi ! amitiés vives :) |
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romantique |
Bonsoir Ombrefeuille ! Touchant et profond !! Très Bel Hommage à cette terrible Tragédie .. Ta Plume a cette Aisance pour l'Exprimer et c'est ce que j'Aime sous ton Encre.. Pensées Fortes pour ce Peuple, ses Descendants, ses Amis de ce qu'Ils vécurent, vivent à chaque Date Souvenir .. Pensées à ces Etoiles figées dans une Eternité !! Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
C'est magnifique ! Cette tragédie est à peine effleurée par les médias. Merci de rafraîchir la mémoire de ce drame si peu connu. |
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virgile |
C'est aussi à cela que servent les artistes, faire du beau du laid, marquer d'une pierre blanche et pointer du doigt Bravo |
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Edelphe |
Il faut toute la force d'une poésie expressive mais maîtrisée pour évoquer un tel drame, encore si mal reconnu dans le monde, et même délibérément ignoré par certains. Mais comment est-ce possible de nier les faits historiques attestés, à moins de tomber dans une forme avérée de négationnisme? Et en évoquant cette tragédie de l'histoire récente (un siècle, ce n'est pas si vieux au regard des temps ne serait-ce qu'humains), c'est aussi toute la fierté (au bon sens du terme) et la richesse d'une culture que tu mets en exergue. En plus, l'Arménie n'est jamais très loin en notre bonne ville de Valence, puisque beaucoup de réfugiés arméniens s'y sont installés, qu'on compte actuellement 10% de la population de cette origine (totalement ou partiellement), qu'une communauté religieuse arménienne s'y est développée et que le Centre du Patrimoine Arménien nous permet d'en apprendre plus sur ce peuple et sa culture. Je te sais sensible à la cause des peuples injustement opprimés, et à la culture de cette région du monde. Et je te félicite pour ce poème qui signe la qualité de ta plume. |
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Matriochka |
Un grand et douloureux merci de rappeler ce genocide , oublié et nié malgré l'évidence , combien d'innocentes victimes de tous les genocides perpétrés par l'homme dans ce qu'il a de plus méprisable | |
Errant |
Un grand merci Ombrefeuille ! Pour ce poignant hommage , pour ce lever du voile en excellente poésie sur un bien triste pan de l'Histoire humaine... Espérons que ce génocide soit enfin reconnu et qu'un travail de mémoire soit fait pour que plus jamais ce genre de malheurs n'arrive et que les peuples puissent vivre dans la paix... |
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Yuba |
Merci à tous et à chacun pour vos lectures et pour vos partages où résonne le voeu le plus vibrant de l'humanité : Vivre en paix. Ce que vécurent les Arméniens de ce temps-là, et que l'Histoire a attesté, comment, en effet, certain dirigeant aujourd'hui encore ose-t-il le nier ? N'y a-t-il pas de sa part une volonté de reprendre à son compte ce que commirent les autorités ottomanes d'alors et surtout un rêve hégémonique de moins en moins dissimulé ? Ne se proclame-t-il pas "Nouvel Ottoman" ? S'il ne s'agissait pas de cela, se ferait-il "entrepreneur de colère" selon l'expression très juste de l'historien et islamologue Gilles Kepel ? Attiserait-il les antagonismes, réels ou supposés, entre les diverses communautés en présence, au Proche-Orient et en Europe-même ? Que voir d'autre, sinon sa main diabolique, derrière les violences commises par un petit nombre de Turcs établis en France, membres des "Loups Gris" pour la plupart, à l'encontre de la communauté arménienne de Vienne (près de Lyon) voici quelques mois ? Alors oui, plus que jamais, il faut parler du génocide subi par les Arméniens voici un siècle ! Il le faut en raison de l'amitié nécessaire entre ce peuple grand dans le silence et le nôtre. Il le faut enfin au nom de la simple justice, de la plus élémentaire équité. |
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Ombrefeuille |
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