La campagne est un long silence
Plein d'abeilles, de papillons,
De blés dans la lumière immense,
D'herbe où se cachent les grillons.
C'est là que se tient, que s'efface,
Sous les doigts du temps regretté,
La maison, refuge fugace
Qui sommeille au fond de l'été.
Les rides sèches de la porte
Ont déjà l'antique senteur
De l'ombre où la poussière morte
Attend le pas d'un visiteur.
Les vieux murs de la grande salle
Conservent l'aube des lointains
Parmi l'épaisseur automnale
Des soirs penchés sur les chemins.
L'âtre muet se pelotonne
Sous le lourd manteau des hivers,
Et la pierre transie fredonne
Les nuits glacées et leurs ciels clairs.
Au bord des fenêtres fanées,
Dans les plis des rideaux absents,
Le tourbillon des giboulées
Gifle les printemps renaissants.
La haute horloge est immobile,
Comme jadis les jours de deuil :
On dit que sa chanson tranquille
Troublait son voisin le fauteuil.
Dans une armoire les années
Ont rangé la brise des bois,
Les bals, les veillées, les pensées
Brodées sous la lampe, à mi-voix.
On a oublié sur la table
Un cahier resté là, ouvert
À la page où court une fable
Décorée d'un bec large ouvert.
Sur la campagne le silence
Clôt les volets de la maison
Et laisse la lumière immense
S'échouer au linteau bougon.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Divers
Publié le 23/02/2022
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Bonsoir OmbreFeuille, Favori !!! :) Il est venu, Il s'est posé tout en Douceur .. IL a ouvert ses Pages, Il a dit, on l'a lu, on l'a écouté .. Tant de Choses, infimes, subtiles, simples .. C'est parfois dans le Simple que le Luxe s'offre !! La Campagne est si belle, Elle en rayonne ! Les Doigts du Temps protège la Maison de Jour et de Nuit ! Ding Dong, il faut sonner les Heures et Maisonnée revivra ! Les Armoires manquent de Cire, et se réveilleront sous les Sachets Lavande ! La Poussière verra son Visiteur et saura l'accueillir ! Toucher les Murs et Ils apprendront Tant ! L'Atre attend ses Bûches et sa Flamme pour réchauffer l'Ambiance ! Aux Fenêtres, le Temps patient guette le Souffle chaud qui fera son Dessin ! Tout est sage ! Poésie se languit, être lue, murmurée !! BRAVO !!!!!!!!! Merci du Partage !! Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
Je ne l'ai pas oublié mon cahier. Ni la maison. Crois-tu vraiment Ombrefeuille qu'il soit possible d'oublier ? Abandonner mais oublier... Quoi qu'il en soi ce texte est un vaccin contre l'oubli ! C'est très beau. Merci. |
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Iloamys |
Magnifique... Serein... Nostalgique... Lumineux comme les derniers jours de l'été... Des mots qui m'évoquent des souvenirs d'enfance qui se sont posés dans des cahiers, des albums photos, aujourd'hui rangés dans un grenier mais qui se réveillent à ma mémoire grace à ce poème ;) Bravo et Merci |
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Lucyline |
bonjour Ombrefeuille tes mots nostalgiques et secrets...m'emportent dans le dédale des souvenirs! ta plume inspirée transcrit un contexte de bonheur sublime! j'ai apprécié en favori !merci !bonne journée !prends bien de toi ! amitiés vives :) |
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romantique |
Magnifique, cette vision nostalgique d'un lieu figé dans le passé. Bravo! |
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virgile |
Cette maison imbibée des saisons, nostalgique et abîmée... Une fameuse métaphore de la vie, très poétique J'ai adoré cette lecture |
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Edelphe |
Une de scription toute à fait charmante et poétique de cette maison abritant des souvenirs du passé , bien vivants. | |
fee-de-ble |
Grand merci pour vos lectures attentives et les aimables visites que vous avez rendues à cette maison tellement empoussiérée qu'elle est devenue comme hors du temps. Ce cahier oublié, laissé là par hasard, n'est pas avant tout un élément triste, mais le narrateur silencieux d'un mode de vie qui a longtemps fait que nous sommes ce que nous sommes, d'une histoire qui touche l'intime et le commun. Petit ajout spécial Iloamys : Je vous remercie, comme tout un chacun, pour votre lecture attentive, mais je vais déroger envers vous à la règle qui est la mienne habituellement de commenter un texte de quiconque m'a commentée, car la teneur et le registre sémantique de vos propos sous le seul poème encore lisible de vous m'incitent à demeurer en retrait par rapport à tout ce que vous posterez au cours des prochaines semaines. Je ne prends aucune part au conflit où vous vous embourbez, je vous avertis simplement des raisons de mon silence qui vous étonnera peut-être. NB: merci de ne pas renouveler sans mon accord explicite de tentative de tutoiement à mon égard. j'apprécierais qu'on me demande au préalable si j'y consens et qu'on s'en tienne à ma réponse, affirmative ou négative. |
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Ombrefeuille |
Superbe ! Le retour dans la poésie de ce cahier resté ouvert et sur lequel continue de s'inscrire par une plume à la rare authenticité une écriture qui résume le charme de l'ambiance et la sensibilité ivre d'un temps arrêté .... Merci et bravo Ombrefeuille ! |
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Yuba |
Un cahier oublié qui, quand on l’ouvre, laisse découvrir des sensations et émotions qui ne demandent qu’à revivre, qu’à vibrer. J’aime beaucoup cette impression que tu donnes, grâce à l’intense expressivité de ton écriture, de se tenir sur le seuil de cette maison et de voir ce que tu évoques. J’ai trouvé la 7ème strophe savoureuse! :-D Tu m’avais déjà fait lire ce poème avant de le publier ici, mais aujourd’hui j’en fait une lecture différente, inspirée des événements qui agitent le monde. Ce cahier oublié, je l’imagine tout à fait posé sur une table dans une maison bleue, au milieu d’un parc arboré, loin, là-bas au nord de l’Ukraine... une maison qui ne résistera certainement pas, ainsi que les quelques bâtiments annexes qui lui sont attachés, aux bombardements... et mon coeur se serre à cette idée. Mais des cahiers oubliés dans des maisons du souvenir, il y en a certainement tant d’autres de par le monde! Merci pour cet "ultra-fav" qui a désormais une représentation imagée dans mon coeur. Triple bizzzz émues :-)*** |
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Matriochka |
Merci également à vous, Yuba et Matriochka, pour vos partages sincères et amicaux qui me touchent. Ce poème, je l'ai écrit à la suite de la lecture d'un bref récit de souvenirs reçu d'une amie et aussi à l'évocation de la maison de mes grands-parents, où j'aimais passer mes après-midis d'été, imaginant un monde à moi, au milieu de mes premiers gribouillis poétiques et d'ébauches de dessins malhabiles ... Je ressens ce dont tu parles, Matriochka, et cette maison tout là-bas, j'en ai une image qui me vient de la video témoignage qui avait été faite par une partie de ta famille lors d'un séjour sur les lieux. Puisse alors mon "cahier" se faire caresse de consolation sur la mémoire qui est tienne, qui est vôtre, qui est russe et ukrainienne. Merci encore à tous et à chacun pour ce moment passé entre les pages de ce simple cahier poussiéreux ... |
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Ombrefeuille |
C'est un poème courtois et beau. | |
Oshidiriz |
Merci, Oshidiriz, pour ce passage en ces lieux. Au fond, vos mots disent l'essence de la poésie : Courtoisie et beauté. Tout le reste prend sa source là. |
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Ombrefeuille |
J'ai aimé passer devant ce lieu et m'y recueillir un instant. Merci pour cette lecture de qualité. |
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