Nous n'avons pas le même sang,
Mais la flamme qui nous anime,
Profond sommet, céleste abîme,
Nous enserre en son bras puissant.

Frères d'armes, frères de rang,
Liés jusqu'au regard ultime
Par le vœu d'un élan sublime,
Nous buvons au même torrent.

Je mourrais pour toi - Sort suprême ! -
Et tu ferais pour moi de même,
S'il fallait qu'il en fût ainsi.

Tous deux saisis par l'invisible
Et chacun par l'autre choisi,
Nous vibrons d'un souffle invincible.

* * * * * * * * * * * *

Note : Ce poème s'inspire de la tradition serbe de la fraternité d'élection.
Cet usage s'enracine dans le destin souvent tragique et guerrier
du pays et lie deux par deux des hommes qui se choisissent
ainsi et se jurent mutuelles loyauté et assistance,
quel que soit le chemin de chacun.
Cela peut donc les conduire à sacrifier leur vie l'un pour l'autre.
Le mot serbe "pobratim", sans équivalent en français, peut
se traduire assez justement par l'expression "frère d'élection".