Vous marcherez sur la grand-route
- Le vent vous y précèdera -
Et vous reconnaîtrez sans doute
Cette trouée qui s'ouvrira
Soudain dans les feuilles sereines.
Alors vous suivrez le chemin,
Celui qu'on dit "du Fond des Plaines",
Et vous laisserez votre main
Rêver parmi l'herbe mouvante,
Sous la lumière de vos pas
Et dans la lenteur odorante
D'un plein midi splendide et las.
Vous avancerez en silence,
Sachant que je vous attendrai
A cette heure où, guettant la danse
Des bourdons lourds, je me tairai.
Vous pousserez la frêle porte
De mon jardin, celle où le temps
S'arrête souvent et m'apporte
Du lointain les chuchotements.
Le fouillis des fleurs assoupies
Vous saluera, modeste et doux,
Tandis que les voix endormies
Des arbres frémiront pour vous.
A ma table vous prendrez place
Et vous partagerez mon pain,
Sous la tonnelle où l'air fugace
Stridulera parmi le thym.
Vous me donnerez des nouvelles
Du vieux pays, de nos amis,
Et vous enjoliverez celles
Qui laissent les yeux assombris.
Nous cueillerons des nectarines,
Nous boirons le café, le thé
Puis, dans des coupes cristallines,
Le vin frais de la fin d'été.
Montant du bord des crépuscules
Cependant que nous causerons,
Et plein des ombres majuscules
Des sous-bois tapis aux vallons,
Le soir viendra. Ce sera l'heure
Pour vous de regagner enfin
Votre solitaire demeure :
De verveine et de romarin
Vous aurez fait large provende,
Votre image s'éloignera
Dans un murmure de lavande ...
- Le vent vous raccompagnera.
* * * * * * * * * * * *
Note : Ce poème s'inspire quelque peu du début du récit
"Les Vieux" (des "Lettres de mon moulin" d'Alphonse Daudet),
et notamment de la lettre que reçoit le narrateur de la part
d'un ami qui lui demande de rendre en son nom une visite
à ses grand-parents devenus très âgés
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Amitié
Publié le 24/04/2020
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La légèrete de l'octosyllabe sied à merveille à la Provence. Ombrefeuille, sans forfanterie, tu joues dans la même cour que les grands poètes du 19ème. |
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Pierre Lamy |
Bonsoir, FA VO RI ! J'arrive dès que possible, - et me laisser bercer par les Senteurs, - et pousser cette petite Porte qui appelle tant à l'Invite, - et m'asseoir et partager, parler, respirer cette Journée, cette Vie, cet Instant paisible … Merci de cette Grâce .. Lys-Clea |
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Lys-Clea |
sublime sensible édifiant secret quel émoi en lisant ton poème superbement écrit...tu es une poètesse secrète qui transcrit tes émotions etherées et délicates...merci!prends soin de toi amitiés vives:) | |
romantique |
Un régal d'images authentiques et de senteurs énivrantes ! J'ai suivi le chemin jusqu'à la demeure et me suis attablée...c'est si beau que je désire y rester pour toujours : alors je le garde en favoris ...j'ai visité cette magnifique région et le moulin d'Alphonse Daudet lui même, les mots ont éclairé mes souvenirs :) Merci et bravo Ombrefeuille pour ce voyage sur les ailes d'une plume si talentueuse ! |
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Yuba |
Je suis déjà sur la grand-route, bientôt j'arriverai et frapperai au portillon, pour partager avec toi un de ces moments amis qui fait toute la beauté, la saveur de la vie. Un poème plein de la profondeur des instants partagés en toute simplicité, où l'on peut être soi-même, en toute confiance. Et, avant même de lire la note, j'avais en mémoire ce très beau conte "Les vieux" d'Alphonse Daudet, l'un de mes préférés des "Lettres de mon moulin" ;-) Merci de tout coeur, ma chère Ombrefeuille, pour la beauté de ce partage et de ton écriture, un moment heureux et apaisant :-) |
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Matriochka |
Rythme sublime car lent et doux, et l'idée de s'adresser à "vous" accentue la beauté de ce poème. Bravo et merci Ombrefeuille, encore des mots peints minutieusement, qui m'ont ravie. Bises | |
Ombellune |
Tout en délicatesse, par petites touches, vous nous guidez sous cette tonnelle fraiche. Nous y passons un joli moment, par la grâce de votre plume légère et sensible. Merci pour ce texte. | |
Kanth |
Merci à tous et à chacun pour vos partages qui font chaud au coeur. Ce sera chouette de passer ensemble un moment sous la tonnelle de la poésie, du rêve, du silence plein du chant des cigales (donc d'un silence relatif) ... Ainsi nous pourrons écouter celui d'entre nous qui voudra bien nous faire la lecture à haute voix des "Vieux" d'Alphonse Daudet ... et d'autres parmi ses récits délicatement imagés :) |
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Ombrefeuille |
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