Ornël vivait en homme libre sur la brume.
Ses yeux, des fermes
Eparpillées entre les genêts rêveurs de forêt.
Ornël tenait des cheveux longs
Partant du Nord pour aller au Sud,
Parfois l'inverse,
Parfois du Sud vers l'Est,
Parfois l'inverse,
Parfois de l'Ouest au Sud
Parfois l'inverse
Il chantait

L'histoire d'un homme à la cabane
Errant sans âme
Escargots de voyage
Et nuits de phosphore

A l'éclosion des fauves,
Ornël vit luire au loin des faux
Qui mutilaient un corps,
Des brebis qui le léchaient
Puis arrachaient ses poils
Entre leurs mâchoires édentées.
Saisi de mal,
Ornël se plongea dans la nuit et resta si longtemps inerte
Que les brebis moururent,
Les faux cessèrent de briller
Et partirent entailler d'autres plaies.

Me voici jour
Me voici nuit
Mourrez d'avoir étranglé mon calme.

Rien ne bouge dans la vie érudite d'Ornël,
Ses livres n'ont pas changé de mots,
Sa prose est toujours aussi élastique comme au temps du corbeau-maître,
Etirée,
Elancée depuis le menton de la falaise.
Il en devint chaque jour plus malade.
Faiblesse de la voix, somnambulisme,
Errance parmi les êtres forts et résistants.
Du roi qu'il était, il en devint le fou.
Electricité palpable,
Le pont était prêt pour la grande explosion.
Elle eût lieu un jour d'automne.

Un jour d'automne à couper les branches,
Froid comme un étang d'hiver.
Le ciel fut giflé,
Une main sourde sur le nez des cigognes.
Entre les doigts d'Ornël mourraient des flocons de neige.
Ils s'étalaient,
Mouillaient ses doigts,
Glissaient sur le sol pour laisser, tel un escargot,
Une queue de comète en fin de marche.

A l'heure du trépas,
Ornël embrassa le halo
De la renaissance qu'il espérait.
Le sac sur l'épaule
Pour un retour de gare,
Il sut que la berceuse difficile
Qui l'étreignait
Prenait alors ses dernières inspirations

«Â En route pour la joie »

Du sang remontait des plaines,
Leur secret se faisait lisible.

Ornël confronta ses idées.

Les écritures seront dures et envolées.
Elles seront des voleurs d'air,
Capricieuses,
Spontanées.

Il avait alors l'idée de l'amour
Et comprit que c'était le dernier.
Egaler l'inégalable lui parut impossible,
Saisir d'autres lieux, d'autres temps
Retrouver les flèches qui égayent et font courir l'horloge.
Ouvrir à nouveau la porte épaisse,
Se taire dans la lumière qui entre par les fenêtres
Ouvertes sur le sommeil.
Egaler l'inégalable lui parut impossible.

Le plein-air se renouvellera.
L'école du plein-air en matière moderne,
Voir les choses qui chosent là depuis jadis
D'un oeil d'ici et maintenant.

***
Ornël n'est pas mort.
Ses cases obscures et recopiées le sont.
Lui attendra un peu, l'espace de mille lunes
Rondes comme une orange.

Écrit par Ole Touroque
http://badurkax0.blogspot.com
Catégorie : Divers
Publié le 02/12/2008
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 02/12/2008 à 20:49:14
Ole, s'il te plait, écris-moi un roman...
(Évidemment un roman fantastique, tu y excellerais !!!)
Teva
Posté le 02/12/2008 à 21:03:26
Impossible, ma pensée ne franchit pas la première page, éphémère du cahier.
Ole Touroque
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19/04 08:58Sarahg
Ok.
19/04 08:56Plume borgne
J'ai pas dit le contraire
19/04 08:52Sarahg
Non, les destins peuvent être merveilleux.
19/04 08:50Plume borgne
Tout se résume au livre ivre d'une vie de givre
19/04 08:00Sarahg
Remarque, un livre où tout est déjà accompli, ce serait pas mal.
19/04 07:45Sarahg
Ce serait un livre douloureux. Un livre a besoin d'une histoire, de vie.
19/04 06:43Plume borgne
Imagine un livre d'une page dont le titre serait livre dans lequel il n'y aurait que le mot livre en préface en histoire et en résumé
17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
Imagine qu'il n'y ait jamais de tristesse indicible
16/04 08:28Plume borgne
Imagine qu'on parvienne à tuer l'ennui
15/04 10:58I-ko
imagine qu'il n'y a rien à tuer ou à mourir
15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
Si seulement cette imagination était réelle...
14/04 04:31I-ko
imagine tous les gens vivre leur vie en paix
12/04 07:39Ocelia
Imagine les gens vivant pour maintenant, imagine si le paradis était un mensonge. Lennon
11/04 04:10Sarahg
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11/04 04:09Sarahg
"La folie est un don de Dieu". Jim Fergus

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