Voyez-vous c'est ici bien souvent que l'on se fâche
Alors même que le poème n'est pas fini Certains se lassent
Certains s'en vont certains s'essoufflent d'autres s'y perdent
A vouloir à tout prix tout cerner tout comprendre On se dit
Que ce poème est laid Que sa forme est grotesque
Et qu'il fait peine à voir dans sa taille imparfaite
Quelle est donc cette prose aux allures inachevées
Cet affreuse pantomime n'est pas même un discours
Il n'y a rien derrière et rien à en tirer
Mais tirez donc tirez je vous dis Peut-être qu'en tirant
Vous toucherez le cœur des choses
Car voyez-vous c'est là d'abord qu'on se méprend
Une chose en fait peut-être en cache une autre
Ou peut-être que non Rien du tout Ça n'est qu'un pauvre poème
Tordu malhabile et sans fin
Mais un poème tout de même Un discours
Ou peut-être que si Qu'une chose et une autre au moins deux sont à dire
Qu'en saura-t-on finalement si ce n'est peu de choses
Peut-être n'y a-t-il rien d'autre que des mots
Ou rien de plus que des bouts d'un ensemble désœuvré
Mais alors quand on dit que la vie n'est pas ce qu'on en dit
C'est là que l'on s'abuse un peu soi-même
On en comprend ce qu'on en veut ce qu'on en pense
Ce qu'on voudra bien en dire et c'est bien assez déjà

Et le discours ainsi s'écrit d'un homme à l'autre
Où se lient toutes choses dans les yeux de chacun