C‘est le premier mai aujourd'hui !
Toi, la pétillante toi la si vivante tu ne ris plus
Nuages filent dans un ciel taciturne
Quelques boutons du jasmin blanc ont éclos
Les oliviers ne sont que foisonnantes promesses
La verveine croît sans retenue. Foi en la vie

C‘est le joli mai qui revient ! Sur la terrasse tout revit
Les géraniums bullent de petites corolles roses
Et les rosiers s'éblouissent déjà
De senteurs et de suaves couleurs
Les photinias vigiles tout l'hiver rouges et verts
Se parent de cent bouquets blancs

C‘est le premier mai aujourd'hui !
Tu n'arrives même plus à sourire
Les cloches de toutes les églises de la ville
Ont conversé comme tous les jours à midi
Une balade sinistre dans le quartier le plus mort
Mais le plus huppé n'a pas réussi à te calmer

C‘est le joli mai comme chaque année !
Des mouettes déboussolées au-dessus de la rue
Tournent et s'interpellent en piaillant
La mer si loin, si près, on la voudrait
On ne la voit pas, on ne la sent pas
T'aimerais tant revoir les vagues !

C‘est le premier mai ! C'est pourtant vrai !
Tu es si pâle si lasse si loin déjà
Souvenir : exposition universelle de Bruxelles
L'Atomium ! C'est si loin dans le temps
Il t'en souvient enfance permissive
Mère dépressive toute l'école en voyage !

C‘est le premier mai aujourd'hui !
Le vent s'époumone dans les tilleuls de l'avenue
Les cyprès stoïques et funèbres attendent
Que ça passe, impassibles bien trop fiers
Et tu pleures tu pleures sur toi
Tu pleures ce que tu es ce que tu as été.

C‘est le premier jour de mai aujourd'hui !
Tu pleures sur ce que tu ne seras pas
Il fait une douceur de limbes ce soir
Tu as reçu plein de brins de muguets
En images figées, tu n'en as envoyé aucun
Pas l'envie, pas le cœur et tu pleures

C‘est le premier mai aujourd'hui !
Larmes toutes bêtes coulent sur tes joues
Roulent dans ta gorge inondent ton corps en feu
Ça brûle en toi ! Feu qui ne s'éteint pas
Se nourrit de ce sel fuyant de tes yeux !
Que d'eau ! Eau matricielle sûrement…

C‘est le premier jour de mai !
Tu voudrais y plonger nager pour ne plus voir
Ne plus entendre rien que son murmure
Il est mort cette nuit dans sa geôle
Qui l'a tué ? Comment ?
Il est mort cette nuit ! C'est fini pour lui.

C'est le joli mois de mai
Et pour toi ? Ce sera quoi ?
La vie donne sans compter
Et d'un coup tout reprend
Tu le savais et pourtant
Il est mort cette nuit ! C‘est fini !

Et pourtant qu'il est tant beau le mois de mai !