En marge de la vie trépidante, une semaine creuse, une semaine sans :
sans la luminescence de l'écran ravageur,
sans le téléphone-tyran aux ordres péremptoires et trop souvent frivoles,
sans toutes ces images crues venues du bout du monde,
sans ces ogresses dévoreuses de nuits lourdes de silence,
sans l'arbitraire des choses vaines mais si nécessaires,
sans la violence des rendez-vous grincheux,
sans les coupables tâches de survie comminatoires

MAIS

En cette marge choisie, une semaine pleine, une semaine avec :
avec la geste d'un vent toujours présent qu'on sent amoureux,
avec la surprise matinale d'un soleil multiplié,
avec la conversation des flots, des fleurs, des oiseaux,
avec les saveurs nouvelles de maints plats qu'on savoure et qu'on n'a pas préparés,
avec la rencontre de l'autre qu'on ne choisit pas mais qui ne déçoit pas,
avec des sons et des mots qui palpitent en surgissements de souvenirs d'un jadis pas encore enfoui,
avec la paresse en atout, le farniente en carré.

Et pourtant très vite le manque ! Oh calamiteuse addiction sociétale !