Chaque nuit, je te retrouve dans ce cimeterre
Lieu de rencontre entre morts et vivants.
Pour que nous nous enlacions sur les vielles pierres
Qui abritent les restes d'anciens mourants.

Fais danser ta robe de dentelle au son d'une musique imaginaire
Que sa couleur d'encre se confonde avec la nuit dans un bruissement d'air.
D'une couleur égale aux mitaines qui protégent tes mains du froid
Ou de ton voile de veuve qui cache ton pâle minois.

Tes lèvres cerclées de rouge comme le fruit d'une passion interdite
Renforce ton maquillage et te donne cette air si triste.
Pourquoi viens tu en ce lieu où les résidents dorment ?
Pourquoi côtoyer la dernière demeure de ceux qui furent des femmes et des hommes ?

Je sais que je ne suis pas exactement comme toi, mais j'ai la même flamme
Qui consume mon cœur et donne l'impression que nous avons la même âme.
Mes craintes me suivent pas à pas comme une ombre de peine
Mais quand tu es prêt de moi, ils fuient face à la solitude de ma reine.
Devant la profondeur du gouffre qui te tient lieu de cœur
Si sombre et malheureux qu'il m'arrive d'en avoir peur.

Je suis prisonnier des caresses de tes doigts fins
Prisonnier de tes yeux verts qui souhaiteraient presque voir la fin.
Et qui sait, devenir locataire de cet endroit que tu connais si bien
Tous tes gestes montrent qu'il suffirait d'un rien.

J'ose croire que je suis celui qui te fais hésiter à la frontière
J'espère un jour te faire dire adieu à toutes ces vielles pierres.
En attendant, je t'offre le réconfort de ma chaleur
J'arriverai bien un jour à convaincre ces yeux tristes que ce n'est pas leur heure.