Le monde est formidable claironne le quidam
Appuyé au comptoir ad vitam eternam
La vie est confortable après quelques ricards
L'homme de quarante ans, vautré dans le bonheur
Que procure, en veux-tu, la compagnie d'une heure
Se fredonne des comtes à s'endormir debout
A parler d'bout en bout, à en vomir debout
La serveuse, brave fille, l'écoute un long moment
Puis la voilà saoulée de tant de boniments
Elle s'en envoie un derrière la trachée
Pour se laver la tête et s' rincer la dragée.
Encore quelques ricards l'homme la trouve sublime
Lui allume sa clope, transpire malgré la clim
Lui murmure à l'oreille quelques exploits douteux
C'est sûr, c'est avec elle qu'il veut devenir vieux
Il bascule en avant et hasard bienheureux
Se rattrape à son sein comme à une bouée
Confuse et très flattée elle lui file une claque
Puis lui roule un patin qui lui laisse une marque
De rouge vermillon en travers de la bouche
Tout à l'heure, c'est certain, elle finit sur sa couche.
Mais il n'a plus de jus et ne peut l'honorer
Elle s'endort en ronflant, feront pas de bébé.