Il a de grandes mains, avant-bras de guerrier
On l'attendrait, maniant hors de son baudrier
Sa longue épée d'argent à lame ciselée
Ahanant sous l'armure par son père héritée.
On le verrait tractant l'arbre déraciné
Coupant du petit bois sur ce géant tombé
Assurant ses deux mains entre lesquelles il crache
Avant que d'attraper le manche de la hache.

On le croirait tout en force, il n'est que douceur
Douceur entre ses doigts où mon chagrin se brise
Caresse sur la chair enivrée de mon coeur
Tendresse sur mon corps, délicatesse exquise,
Quand le grain de ma peau rencontre ses dix doigts
Sensualité gourmande en ses mains où je bois
Chaque soir le bonheur d'être aimée d'un géant
Dont l'amour est le glaive en son respect d'amant.

Ses mains de magicien transforment le doux fruit
En une confiture à la saveur divine
Dont chaque matin je pourlèche mes babines
Des plus gourmands plaisirs escaladant les cimes.
Des noix de la voisine il fait un rouge vin
Surveillant les barriques en tournant l'élixir
Et des prunes violettes qui poussent au jardin
Il produit le breuvage qui embellit la vie.