Océans de l'esprit et rivières de mon âme
A des lieux de mon être rugissent ces serpents
Et les torrents nocturnes sur mes navires tremblants
Et le bois d'infortune fragile sous cette lune
Et les draps hissés en un mat incertain
Une flotte de mille ans sur ma paume accostée
Et des canons hurlants que je ne saurai comprendre
Une guerre parmi d'autres, une bataille de légende
Et du sable souillé par le rouge de nos corps
Des collines plus au nord et ce mur de colère
Qu'il nous faudra franchir par des eaux plus étroites
Et ces hommes virevoltant et leurs mains affolées
Et de longues sérénades pour les nuits plus paisibles
Des histoires d'autres mondes bien plus doux que le notre
Il y avait et demeure ce palmier sans écorce
Siégeant là tel un prince sans une cour plus habile
Seul et ravissant, perdu et délicat, il caresse la beauté
Et ces jours sans soleil recouvrant cette plage
Ces désirs sans passions et la fin n'a de sens
Paradis reconnu, à nul autre ne ressemble
Et le goût de sa nuit offerte à nos paupières
Et les feux abaissées pour bercer nos repos
Car au levé du jour et au soleil manquant
La mer nous reprendra et nos âmes attachées
Vers l'enfer, s'il en est, où nous sommes attendus.