La plus belle des Oies gardait une rose
Au rosier de l'étang, jamais vraiment éclose
Pour ainsi dire l'Oie s'accordait une pause
En s'écoutant bavarde au sommet de sa prose

Un paysage traçait l'ombre idyllique
D'une colline plate et d'un nid vide
L'Oie se lissait d'une plume tragique
Sur un air d'opéra comique, candide
Son oreille suivait la basse-cour
D'un oeuf en peine couva sa veine
Elle en fit rapidement le tour
Et l'emporta loin de toute haine

De ses ailes blanches elle couva fort
Ce petit oeuf qu'on croyait mort
Il y poussa une drôle de bête
Un poussin vert à longue crête

La plus belle des Oies gardait une rose
Au rosier de l'étang, jamais vraiment éclose
Son nouveau-né grattait les vers
-Le protégeant comme une mère
Elle l'emmena piqua-piquant
Se dégourdir près de l'étang-

Pour ainsi dire l'Oie s'accordait une pause
En s'écoutant bavarde au sommet de sa prose
Le rejeton et la Belle quelque peu légère
Jouaient dans l'herbe à faire de l'air
Quand un furet et ses compères
Babines en rut débarquèrent

D'un instinct déjouant toute raison
L'Oie se jeta sur l'avorton
Et le poussa quelle sérénade
Dans les vases gluantes de la mare
-Le furet grimpe sa balustrade
Et quitte la scène sans un regard-
Les entrailles vides de ses compères
Se contentèrent de quelques vers

La belle Oie blanche en pleine misère
Nourrit de plumes les strophes en guerre
Et sans concours se coupe les ailes
Emporte les mots d'autres oisèles