La naissance du poète
Il était un temps beau comme le printemps.
La maison était mon champ, un paysage sans couleurs,
Calme, serein, où s'éteint tout chant.
Ce silence est pourtant une certaine clameur ;
Car de moi se libère un génie aimable
Qui peuple mes sens et mon esprit et mon cœur.
Ainsi, volontiers, j'offre un désir ineffable
A un inconnu ami qui me propose ses faveurs :
Fais donc de mon pouvoir un substitut
Et rejoins la société des anges damnés.
Naître est ton crime, le sais-tu ?
Et ton monde est malsain et tes fleurs fanées.
Tes amis ne sont plus ni ta maudite famille ;
Ta mère et ton père ont fait de toi un paria.
Te plaît-elle ton étroite chenille ?
Et moi qui t'offre en avance un céleste gloria ?
Le rejet, la honte, voilà ce qu'au monde tu inspires
Et de toute cette vie tu n'as que ce qu'il y a de pire.
Toi que Dieu maudit et qu'au mal tu souris,
Tu es poète et je vois ton germe qui fleurit.
Ton jardin est gris mon très cher associé.
Voilà ce qui manque à l'homme solitaire
Pour que du mot naisse un vers salutaire.
C'est une vertu telle que de purifier les grossiers ;
Ces gens qui dans l'art sont des impies,
Qui du blasphème leurs âmes se fortifient.
Bon comme tu es ils te font pitié.
Godo n'est pas mais toi tu es.
Il est un temps beau mais différent.
Je vois les mots chanter leur chant.
Les fleurs n'ont jamais eu pour moi un sens.
Les mots, eux, comme l'encens, teintent l'absence.
Le vide n'est plus, ni même les gens.
Les mots, ça vit…dans le monde des morts.
Je les monte, rapides .. Contre vent
Que d'horizons nouveaux que mon plumeau
Dessine et anime et défie souvent.
Agréable torture.. D'or sont les rameaux
Aux portes de la gloire d'un poète naissant.
Offrir son âme aux plus connus démons
Des paradis terrestres. Quel plaisir funeste ?
Offrir son vers et presque tout le reste.
Et cracher sur le monde des injures incléments.
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Quelle vie promise au poète ! A-t-il le choix ? Être le paria du monde n'est-il pas le chemin qui conduit à la sensibilité du poète ? Très beau poème. Cordialement |
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moebus |
Lorsque un poème est trop long c'est qu'il n'a pu convaincre par l'essentiel ! | |
platon |
Releve donc ce defi et redige en huit vers l'essentiel de ce long poème. Je suis impatient de voir le résultat. | |
Levers |