Piano piano…
Le dernier tango s'achève,
Criant de frustrations
Et pourtant…aphone,
Atone, sans profondeur
Ni couleur.

Le dernier ?
Rien n'est moins sûr...
Et tout le monde attend
La rime avec
« Blessure ».

Étouffées de compassion,
Étouffant le désir,
Deux silhouettes grises,
Dont l'une n'est pas toi,
Se frôlent, se tiennent,
S'éloignent et se rejoignent.

Deux silhouettes qui ondulent
Et se cabrent ; qui luttent
Mais se suivent
Dans cette danse
D'allées et venues infructueuses,
De chorégraphies du piétinement,
Dans les pas mimant la passion
Et d'embrasements d'impuissance
Dans les renversements suggestifs.

Qui domine ?
Et qui subit ?
Tout dépend du moment…

Qui conduit ?
Et qui suit ?
Tout dépend du point de vue…

Piano piano…
C'est la mort du petit tango
Et la musique des regards croisés
Achève de parfaire
Le désespoir mutuel.

Désespoir ?
Même quand l'on est deux…
Au troisième temps :
La rime avec
« Adieux ».

Et soudain tout n'est plus
Que mélodrame en rétention,
Développement de la chute à venir,
Saccage de sentiments en perspective.
Assassinat planifié de l'élan amoureux.

Une mise en abîme vertigineuse
Ponctuée de griseries comme autant
De cataplasmes sur la lucidité.
De soulagements de surface
En apaisements éphémères,
Que je sois seul,
Que l'on soit deux,
C'est le tangage d'une vie de papier
Dans les remous d'un caniveau.

Le langage du tango,
Molto furioso
Dans un caniveau qui dégueule de larmes

Moderato cantabile,
Un tango en laisser-aller
De larmes comme l'eau de la mer,

Amères et salées.