La gueule en moins,
Rien de moins…
Messieurs, mesdames,
Je ne suis personne
Donc je suis « tous ».
Vous tous,
Nous tous,
Tous.

Une multitude
Dans ma solitude.
Je n'attends rien
Car je sais ce qui viendra.

Dans l'après,
Par la suite,
Je sais ce qui arrivera.
Je n'ai pas de nom,
Pas de visage,
Je suis la quadrature
Du cercle des humains.

Je suis vos peurs,
Je suis vos doutes,
Je suis vos victoires
Et vos défaites.

Regardez-moi et…
Regardez-vous.
Surpris ?
C'est l'effet miroir
Mais on s'y habitue.

Vous m'avez croisé
Tant de fois
Sans y prêter attention,
Sans vous retourner.
Il se peut même
Que vous m'ayez parler.
L'avez-vous oublié ?

Mon visage est une tache,
Un objet, un poing…
C'est selon.
Je vous laisse vos yeux
Incapables de voir la vérité
En face.
Je vous laisse vos bouches
Incapables de dire les mots.
Je vous laisse vos nez
Ainsi que vos oreilles.

Organes que, pourtant, vous ne méritez pas,
Antennes dont vous ne savez plus vous servir.

Je reste assis là,
Je ne vous attends pas,
Souvenez-vous, je n'attends rien.
Je sais que vous me rejoindrez,
Tôt ou tard,
Question de temps,
Vous allez vous dissoudre en moi.
Par ce que je fais peur
Autant que je rassure.

Je suis le commencement
Et la fin.
Je suis ce que vous refusez
D'admettre…

C'est-à-dire : rien,
Personne,
Une forme intemporelle
A la fois nécessaire et vaine.

Je suis la condition humaine.