Alors, en préambule, voici quelque chose de différent, plus narratif qu'à mon habitude, un "exercice" en quelques sortes.

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Je vais d'un pas svelte, d'une démarche sans failles
Par le pavé huileux où s'exhibe la canaille,
Me rendre, aussi vite que je le puis, au port
Où l'on m'attend séant pour un combat à mort.

L'enjeu en est une fille à la voix de déesse,
Chanteuse de métier, sirène et diablesse.
Un marin anglais roux, redoutable gaillard,
Entend m'y faire la peau pour la belle et son art.

J'entre sur les quais aux sons des voix éraillées,
D'un vieil accordéon, de bouteilles brisées.
Là, l'anglais torse nu, tout tatouages dehors
Exhorte les parieurs à miser leur trésor.

J'ôte chapeau, vareuse, gants et pose ma canne.
Leurs cris redoublent, le rhum fait d'eux des ânes.
On nous lie le bras gauche; il n'y aura pas de fuite…
Pour l'affront, pour l'enjeu, cela doit finir vite !

Un coup d'œil à la fille qui me voit déjà mort,
Un coup d'œil à la foule qui parie tout son or
Soudain on sonne le début de l'affrontement
L'anglais frappe de sa lame sans perdre un instant.

Il vise mon cœur mais ne blesse que mon bras.
Une stratégie stupide ! Car je n'en ai pas…
Sans cœur, je le suis, par l'acte d'une sorcière
Qui à mon adolescence l'a mangé d'une prière.

Mon vil adversaire attaque encore et toujours
Mais je suis plus rapide et ses coups sont trop courts.
Je sens mon sang s'écouler et alourdir ma manche
Alors que l'anglais s'épuise, s'essouffle et bientôt flanche.

Un mouvement de coté, je feinte ; il baisse sa garde
Déjà ma lame se plante, se replante et le larde.
Deux temps, trois mouvements, j'ai donc touché trois fois
Par deux fois à la gorge et la troisième au foie.

La chute de l'anglais frappe le sol d'un bruit sourd.
On coupe nos liens. J'exulte : « payez vos en-cours ! »
Je panse ma plaie avec des lambeaux de chemise,
Tranquillement, l'œil en coin, je guette ma promise.

Son désarroi et grand mais il va l'être plus encore...
Je ne prends que l'argent et la laisse à son sort.
Elle me supplie alors de l'emmener avec elle,
Elle me sera dévouée, sans malice et fidèle.

Sachant bien quelle sera sa vie ici sans protecteur.
Une vie de catin, être sous l'homme son labeur.
Je lui souffle dans l'oreille « …veux-tu ta liberté ?... »
Elle rougit « oh ! Monsieur… oui... en vérité »

Je l'embrasse, elle qu'on nomme « rouge gorge »
puis d'un geste précis, lui tranche net la gorge.
Alors, Je reprends mes items et puis repars en ville
Dépenser tout mes gains en plaisirs inutiles.