Pour le jour de l'an
J'irai à la montagne
Avec mes raquettes de ping-pong
Mon mince filet d'oseille
Et ma table des matières ordinaires
Soutenue par quelques poésies blanches
Histoire de ne pas déchausser l'iceberg
De déraper sur un masque égaré
Ou de tomber dans une vitrine désertée
Inuit les carottes sont cuites

Pour le jour de l'an
J'irai à la montagne
Avec mes enfants
Ceux de ma première femme
Sans d'autres à mon coup
Rien d'officiel pour le moment
Pas plus qu'il existe une lueur d'espoir
Que je puisse monter au sommet
Sans tuer le premier phoque synthétique
Qui oserait se glisser sous mes spatules

Pour le jour de l'an
J'irai à la montagne
La liberté ne peut être liberté
Sans remontées sur un astre et surfer
Entre l'adret et l'ubac
Mon cœur balancera
Où la lumière portera
L'écho de la résilience
Rien de plus dans ce paragraphe
Évitons le superflu
Et la parabole du déjà lu

Pour le jour de l'an
J'irai à la montagne
Avec l'idée qu'au retour
Je sois un peu plus bronzé et reposé
Malgré les restes de la dinde aux marrons
Du magret des huîtres du saumon
De la bûche de l'alcool à brûler
Raclette oblige la fondue s'insurge
Les toilettes seront condamnées
Et la queue interminable s'indignera

Pour le jour de l'an
J'irai à la montagne
Vais-je acheter des pneus hiver
La neige de l'espérance
Est le commencement des vacances
Mais avec tant de gravité
Je pense déjà à janvier
À amortir à épargner enfin à déconfiner
« La confiance ne se donne pas elle se mérite »
Je vous ai compris et vous