Mon hirondelle

J'ai trop connu de festins de pierres
De désirs, de sentiments que j'enterre
Comment devrais-je, encore trahir mon cœur ?
Comment pourrais-je, encore ignorer ma douleur ?
Même pour l'amour de toi, je ne saurais me taire
Dussé-je brûler - écorché - vif aux confins des enfers
C'est ton nom sur mes lèvres sincères
Que chaque jour se joue mon calvaire

Mais toi si celle ; si frêle
Si belle ; si telle ; mon hirondelle

N'auras-tu pas l'audace de voir de ton ciel,
Les vallées, les prairies, les bouquets d'arc-en-ciel,
Tous ces écrins de soies lovés aux lointains,
Les jardins, les roseraies aux abîmes de mon sein?

Et toi si telle ; si belle
Si frêle ; si celle ; mon hirondelle

Que feras-tu hélas de ce vol si fière
Regarderas tu le sol, entendras-tu ma prière?
Comprendras-tu peut être que je ne saurais mentir
Les silences de mon âme, les secrets de mon ire

Mais toi si frêle; si belle
Si telle ; si celle ; mon hirondelle

Portant ton regard à d'autres yeux
N'y-a-t-il pas, pour toi, d'autres cieux?
Où tes joies seraient plus vives
Tes jours, tes bonheurs plus glorieux
Qu'il-y aurait-il de plus beaux
Que le creux tendre et doux de ces émaux ?
Qu'un genoux à terre t'offrir cette missive ?

Mais toi si belle ; si telle
Si celle ; si frêle ; mon hirondelle

Allons ensemble voir ces chemins
Battre campagne, voguer la terre
Vider l'étreinte des chants déserts
Chasser la sueur, la peur des lendemains
Briser l'espace de nos menus matins
Pleurer nos nuits main dans la main
Jouir de nos vies jusqu'à leurs fins

Tout simplement : tes yeux au miens