Dans la vie on part de zéro
Rien, nada*,
Tout ce qui nous appartient
C'est l'envie, la joie, les tripes, les crocs.

On a emprunté la même rue
La même terre au même moment
On a adoré des lieux communs
Et séché notre linge en lotissement

On a construit patiemment
Des châteaux de cartes
Et mis le doigt sur des cartes
Et regardé toujours plus loin.

Mais de t'aimer trop
C'est carrément idiot
J'ai cru que je te rendrais triste
Car je ne te méritais pas

Et j'ai tué notre bonheur
Simplement parce que j'avais peur
De ne pas être à la hauteur.

On a chacun repris nos legos**
Pour ailleurs aller s'amuser
Je m'étais promis de ne plus jouer
Mais de leur boîte ils semblent m'appeler.

Même sans le bonheur de ton amour
J'ai soulevé seul chaque jour
Les colonnes et les voûtes d'un temple
Que mes yeux contemplent

Dans la vie on part de zéro
Rien, nada*,
Et l'enveloppe de solitude
Est parfois lourde à poster.

J'assume cette partie de moi
Quand l'Ivanhoé*** s'évanouie
Car je sais au fond
Malgré nos erreurs et nos déceptions
Qu'il faut bien s'aimer un peu quand même
Pour se lancer à soi des défis
Et pour apprécier l'oisiveté.

Et pour avancer,
Toujours avancer
Dans la nuit des temps****.

*nada ; rien en espagnol
**legos ; jeu de construction pour enfant
***Ivanhoé ; héros d'un roman médiéval éponyme de Walter Scott.
**** Dédicace à René