Quelques gouttes de pluie, du ciel viennent de tomber,
Sur la ville endormie, sur les champs moissonnés,
S'infiltrant dans les sols absorbant la liqueur,
La terre toute entière se nourrit de ses pleurs.

C'est la graine qui germe et fait naître le blé,
C'est le corps qui s'éveille par ses membres hydratés,
Qui redonne la force sous la chaleur de l'été,
C'est l'unique boisson dont on n'peut se passer.

Eau si belle quand tu tombes à nos pieds,
Eau cruelle quand tu viens à manquer,
Tu es cet élément commun à l'existence,
Seule consommation assurant la croissance.

Dans ce monde où l'on marche la tête vers le sol,
Où l'on ne s'appuie plus que sur sa propre épaule,
Dans les moments de doute c'est vers le ciel si bleu
Que l'on porte nos yeux.

Pourtant malgré cela tu restes inaccessible,
Pour des pays entiers l'accès semble impossible,
Faim, guerre et misère cela n'a pas suffit,
Il a fallu qu'en plus ils leur manquent les puits.

Eau mon père tu laisses mourir tes enfants,
Ce soleil n'est pas celui que l'on attend,
Son œil n'est pas si doux lorsqu'il abat les Hommes,
Lorsqu'il pose ses rayons sur les têtes qu'il assomme.

Nuages impitoyables qui choisissez les lieux,
Asséchant les uns et puis noyant les autres,
Dame nature est tout aussi mauvaise,
Lorsqu'elle use son pouvoir sur l'ombre Togolaise.

Les traités sont muets aux frontières du ciel,
Mais lorsqu'on crée la neige aux portes désert,
Lorsqu'on prend l'eau de source pour faire l'artificiel,
Nature n'est plus coupable, c'est l'Homme qui se dessert.

Pompée, accaparée, stockée, gaspillée,
On t'a fait marchandise dans l'échange mondial,
On a rempli les gourdes pour des fontaines à jets,
On a fait de ce Sud un sombre mémorial.

Alors quand de ce ciel l'eau tombe en abondance,
Les larmes du Tiers Monde inondent nos consciences.