Quand un léger chagrin -ou une peine immense-
Envahit mon grand coeur, je vais sous les sapins
M'adonner aux vatilles qui charment nos enfances :
J'arpente les nuages dans des songes sans fin
Et redescend sur Terre quand me tiraille la faim.
M'étant dans mon sommeil asséné quelque horion ,
La douleur et le ciel pèsent sur mes frairies;
Un devin fallacieux et mauvais histrion
Me prédit le passé... autant de fleurs-de-lys
Que mes larmes ne voilent plus en cette sombre prairie.
À peine termine-t-il sa glaçante oraison
Que mes poussiéreuses amours meurent en mon âme fière
Couronnée d'une étoile par un Dieu vermillon,
D'une bleue nitescence aux allures princières.
Je ferme alors les yeux et arrange mes vers.
Elle se présente à moi, une enfant toute nue,
Musardant sur le lac, assise et l'air gausseur
Sur un grand nénuphar aux reflets ingénus
Elle fait naître le monde... c'est l'azurin bonheur
De voir ma mère, hélas, si jeune et sans douleur !
Écrit par Etienne de Mirage
Le coeur est une langue qui se passe de mots.
Catégorie : Evasion
Publié le 23/01/2020
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Ces vers lustrés de vocables rares ont l'éclat diamanté des pierreries symbolistes montées autrefois par des Mallarmé, des Laforgue, des De Régnier... J'admire le travail du verbe, quand il est si harmonieux et maîtrisé et ouvre au rêve, ce souhait des symbolistes d'imprégner le réel de son versant nocturne et inconscient, pour une synthèse de l'imaginaire totale. J'adore votre poésie et je la place dans mes favoris,en vous remerciant de nous l'offrir. | |
jacou |
Une naissance du Monde qui se révèle ici par votre poésie d'une grande beauté !émouvante et féérique ! Bravo Etienne pour le choix des mots et pour les images aux allures divinement orchestrés ! |
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Yuba |