Approche un monument de bois dans la forêt
Au cœur des feuilles sombres qui masquent la vie
Les battements internes aux tam-tams de l'envie
Pose à s'amalgamer tes chairs contre ses traits

Le corps presque rejoint sur le tronc qu'est le père
Cette robuste verge à l'écorce vieillie
Le front sur son corps plein de sève qui jaillit
Les mains crispant sa force de beau centenaire

Dans ses cheveux de paille les poux ont des ailes
Des tourtereaux anciens dont il garde les nids
Ce passeur de mémoire aux cent allégories
Qui ne vacille pas quand ton être l'appelle

Chêne que tu choisis pour ses longues racines
Blotti dans la chaleur des généalogies
La cime foisonnante qui garde les pluies
Loin de la peau ligneuse du tout qui s'affine

Et tu pars avec lui les pieds ancrés en terre
Dans le puissant regain des éléments sans prix
Retrouver l'animal minéral et son cri
Silencieux calme fou de son serein mystère

Là l'amour est un chant qui circule et t'éveille
Aux notes des saisons qui chaloupent l'esprit
Digitales les touches de l'instrument-bruit
Passent par ton essence comme un bon soleil

Tu entends le vent pris dans les rondes de l'âge
Et les branches cassées sous les orages gris
Du tumulte passé au redoux qui s'ensuit
Encollées vos natures émanent du partage

Tout est vert et marron pour tes bleus démentiels
Les yeux fermés sur l'heure qui n'a plus de stries
Et le rapport est sage entre ton âme et lui
Le lien ouvre les portes d'innommables ciels

Ta solitude goûte au miel des morts grimpantes
A atteindre des faîtes aux plus profonds abris
Du massif aux cuirs las transfuse l'énergie
De ton morne invaincu à ses fibres savantes

Tu remplis enfant vif tes petits seaux de plage
De ressources où s'imprègne de toi l'amnésie
Et tu repartiras repulpé de patrie
Comme en appartenance avec ton héritage