L'herbe encore un peu chaude où le ciel s'est penché
Accueille en perles d'aube le jour qui s'étire
Un frimas sur la peau de ses brins effilés
Fait danser la verdure au vent de ses soupirs

Des rayons de lumière éveillent les calices
De quelques fleurs aux notes des couleurs du soir
Leurs parfums qui s'accordent dans leurs encensoirs
A une ancienne pluie qui fut bienfaitrice

Au pied de l'immuable chêne centenaire
Poussent des champignons aux toits ronds et dodus
Dans les ruelles de ce village incongru
Les fourmis besogneuses amassent pour l'hiver

Le coucou retentit qui se cache en hauteur
Près du soleil acide où le matin s'entrouvre
Sur le vieux banc sali de nos vœux déserteurs
Sa peinture écaillée que les ronces recouvrent

Mais l'herbe sous les pieds, fraîche de sa jeunesse
Chatouille les envies de roulades lointaines
Le poumon surélève le cœur qui s'oppresse
Respire un nouveau jour, une nouvelle aubaine