Vaporeuse fumée danse sur la théière
Dont le bombé s'assoit sur le bois de la table
Près de la chaude tasse à l'anse familière
Des volutes bercés dans l'espace buvable

Son brouillard se diffuse en humides parfums
Des effluves brumeuses et nuages dissous
Dans le corps affaissé qui prolonge la main
Ses cuillérées de lave transparentes et floues

Le cœur dans les narines et l'esprit dans la bouche
A goûter nébuleuse aux arômes du soir
Quand la pluie qui la brûle au son d'un jazz manouche
Fait fondre les bougies qui ravivent le noir

Aérienne buée exhale de la pierre
Taillée comme un beau ventre et posée sur l'autel
Près de l'encrier bleu et des plumes d'hiver
Des rites embaumés qui en font la chapelle

Réceptacle de vie juste après la bouilloire
Qui enferme en son sein les épices profondes
Feuilles odoriférantes à l'eau qui fait un monde
Quand coule l'élixir du petit arrosoir

Et la goutte qui point au revers de sa lèvre
Sous le ciel de sa lampe aux mille et une doses
Où chaque crépuscule invite en douces fièvres
Se pourlèche d'un doigt caressant son hypnose

Lentement tout le long du temps qui fait son lit
S'éteint la lourde flaque et son antre se vide
Ne laisse au guéridon qu'un bibelot d'abside
Dont la beauté se terre à la faveur des nuits