Sur le canson grisâtre de mon absolu
Je dessine au crayon les contours laborieux
De ces être d'épaule aux présences amovibles
Deux consciences contraires aux discours opposés

L'une brandit son sexe et la bouche mielleuse
Se pourlèche du sucre et veut mes tentations
Glisse des pains de vice sous les espérances
Me pousse au bord du tout qui constitue le monde

L'autre souffre au regard de mes orgies complices
Il se divertie mieux dans mes apitoiements
Son âme fait des signes sur l'eau de mes flaques
Qu'il emplit de ses larmes angéliques et ascètes

Ses mortifications me privent et me raisonnent
Quand le malin grivois attise de ses feux
Les élucubrations qui tonnent dans mon corps
Les plaisirs indécents qui pompent l'innocence

Je dessine des ronds qui figurent les têtes
Et s'esquisse le reste de leurs deux pensées
Squelette-crucifix sans mains pour le divin
Toge-queue rouge-fourche pour l'ensorceleur

Ils ne quitteront pas le bateau de ma vie
Moi je peins l'océan, bleus sous sa coque lourde
A l'orée de mes os recouverts d'algues folles
Je compte sur leurs dos, les vertèbres démises

Et nous tanguons ensemble sous l'œil des hiboux
Les nuits où l'insomnie est une amante veuve
Et les jours éclairés de propices évidences
Mes petits bouts de cœur écartelés dans l'ombre