Carmen (Bizet, à la guitare de Pedro Ibanez uniquement) : http://www.deezer.com/track/59594061
Dans les rues de Paris la foule se compresse
Assis à un Café je regarde les gens
Face à moi agités, qui s'en vont et me dressent
Un portrait affolé reflétant l'air du temps.
Et Coralie sourit.
Soudain j'ouvre les yeux et tout autour de moi
Le monde se soulève en soubresauts puissants,
Convulsion insensée naissant de leurs émois.
Ne savent-ils donc pas être si transparents?
Et Coralie sourit.
Et puis main dans la main ne voulant nous lâcher,
Nous parcourons Paris à un rythme indolent
Guidé par notre envie d'oublier un instant
Ce demain embrumé fait pour nous séparer.
Et Coralie sourit.
Mais le voila déjà et j'attends Coralie
Assis à un Café où j'observe des gens
Dont tous les petits rien me dévoilent la vie.
Et c'en est indécent. Et c'en est fascinant.
Et Coralie sourit.
Un sourire envolé quand je croise les yeux
Effrayés d'un enfant qu'un homme tient en main.
Un petit maghrébin, ce blanc proprement vieux
Et salement brutal dont les yeux disent "Faim".
Et mon âme en frémit.
Je capte les riens dessinant un tableau
Donnant corps à l'envie d'oser là me lever
Et arracher l'Enfant des mains de ce salaud
Voulant lui faire mal, oh mais oui je le sais.
Et mon âme en frémit.
Je referme le poing, mes jointures blanchissent
Car oui je me contiens. Mon regard accompagne
Celui de cet enfant dont je sais les sévices.
Mon cœur à l'abandon bat soudain la campagne.
Et mon âme en frémit.
Mais que pourrais-je faire, même si je sais voir?
Comment pourrais-je dire aux gens autour de moi
Que cet homme élégant au portrait du Devoir
Est bourreau des enfants asservis à sa loi?
Et mon âme en frémit.
J'inspire à pleins poumons, et je clos mon regard
Me coupant des humains. En comptant jusqu'à trois
Je découvre la paix concise au fond de moi,
Puis je rouvre les yeux. Il est déjà trop tard
Et mon âme en frémit.
L'enfant s'en est allé, et moi je n'ai rien fait
Même si je savais. Je ne suis pas un dieu
Et mon don est béni autant qu'il est damné.
Il me faut l'accepter et faire de mon mieux.
Et j'ouvre mon esprit
Un temps je reste là à observer les gens
Et je découvre en eux soudain ma poésie.
Ma plume vérité s'unit en cet instant
A l'étrange regard me dévoilant leurs vies.
Et j'ouvre mon esprit
Alors de l'empathie j'accepte le fardeau
Et j'use de ce don délégué par la Vie
Pour aller écarter un instant le manteau
Me masquant leurs pensées. Et soudain je souris
Jusque dans mon esprit
En déposant les yeux au détour d'un virage
Je la vois arrivant, un feu nous séparant.
Ses yeux cherchent les miens, s'éclaire son visage,
Mon âme hurle de joie. Mon cœur s'arrête un temps
Quand Coralie sourit.
Et d'un coup elle est là, et alors je lui dis
Cet enfant affolé, ce geste non osé
Si pressé de hanter. Elle me dit "C'est la vie
Qui te rend impuissant, ça n'aurait rien changé."
Et Coralie sourit.
Je saisis sa raison et j'admets sa sagesse
Mais je n'oublierai pas ce visage d'enfant
Me hurlant au secours. Il faudra que je dresse
Un beau jour son portrait. Il viendra en son temps.
Mais Coralie sourit
Et moi je la regarde de leur façon à eux,
Elle m'apparaît si belle que vient le baiser
Ce doux courant profond un petit peu furieux
Les amours passionnées de jeunes fiancés.
Quand Coralie sourit
J'en oublie jusqu'au temps, son regard me captive
Et j'y lis un amour me paraissant sans fond
S'en venant proclamer victoire décisive
Sur une âme conquise acceptant son pardon.
Et Coralie sourit.
Le 14/06/11 et le 15/01/15
Je l'ai écrit il y a un bail. Longtemps essayé de le retoucher. C'est cette nuit que c'est venu. C'est mon seul repost à ce jour (Echo (II) n'a rien à voir avec Echo (I) sinon une similarité de forme, ils parlent de deux personnes différentes) mais... la forme aboutie de ce texte-là mérite autre chose qu'une edition passant inaperçue comme je fais d'habitude
(J'en profite : allez lire Instantannés d'infini :D ).
Un merci immense à Flipote ici. Tu m'as fait toucher du doigt ce qu'était ce texte. Ce qu'il faut de sanglot pour un air de guitare.
Merci aussi pour l'aide que tu m'as apporté sur ma poésie par l'ensemble de tes commentaires, même si je n'ai jamais su te le dire. Celui-là t'est dédié sous cette forme.
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