Pas la moindre inspiration,
rien à coucher sur le papier.
Ni l'ombre du vol d'un papillon,
ni l'odorante boule du bousier.

Alors tournons-nous vers la savane,
au détour d'un reportage animalier,
là où chaque instant la mort plane
comme coursant sa proie sur un destrier.

Les fauves sont en embuscade
sur la terre brûlée ;
ni fontaine, ni cascade
la pluie tant attendue se nomme "désirée".

Les pachydermes creusent le lit
d'une rivière asséchée,
et par ces quelques vers enfin voici
ma soif d'inspiration un temps étanchée.

Mais tout fut dit si vite,
ce poème semble un peu court ;
alors seul je médite
et cherche quelques rimes en recours.

Les crocodiles au fil de l'eau
guettent patiemment
ça y est ils sont au niveau
d'un gnou qui s'approche dangereusement.

L'attaque est furtive
la rivière devient rouge de sang
les reptiles s'enroulent et s'enivrent,
rien ne résiste à leurs crocs surpuissants.

Comment faire pour retranscrire
la poésie de ces scènes ?
Ce théâtre où chaque jour la Nature
tout un chacun vers la mort entraîne ?

Les mots se raréfient
les vers tarissent ;
la fin de ce poème me crucifie
jusqu'à ce qu'un autre à l'horizon verdisse.