Bruissement au loin d'un feuillage en décrépitude.
Fatigué, épuisé, j'avance tout en chancelant vers ce tronc majestueux, un saule pleureur. Sans en faire une comparaison burlesque de ma personne, je pourrais également dire que je ressemble à cet être qui a tant souffert. Cette solitude qui ma poursuivie jusque dans mon égarement me gruge graduellement. Une forêt aux allures bourgeoise qui a son côté sombre. Une forêt au côté chimérique qui a des allures machiavéliques. Ce portrait romanesque que m'offre ce paysage enchanté m'époustoufle et m'anéantit. Je le dévisage, intrigué, attristé. Cette posture affaiblit au gré du vent, ces feuilles donnant l'allure qu'elles pourrissent vivantes, ces bras mous volant dans l'air, font étrangement son charisme.
Je m'allonge, me repose et contemple cette vue panoramique. Est-ce un lac? Une rivière? Un océan? C'est flou, c'est brumeux, je ne peux analyser ce qui se trouve exactement devant moi! Mes mains moites tâtant ce sol bruineux, découvre une minuscule plume éblouissante de beauté. Qui donc aurait oublié ce trésor? Je m'en empare tel un pirate, car à mes yeux c'est de l'or et trouve de plus quelque vieux papier gribouillé. Je suis émoustillé. J'essaie en vain de lire ce message ornant ce manuscrit, mais ce que j'entrevois ce sont ces mots : aux corneilles. Sûrement une lettre d'amour à laquelle un homme a tant pleuré faisant couler toute cette encre en ces terres. Je saisis mon arme et cicatrise d'une marque ombrée ces pages d'une douceur blanchâtre. J'efface lentement les souvenirs néfastes de cette poésie lyrique.
Mon pinceau effleure ce tableau telle une caresse sur une peau lisse et soigneuse. Tout d'abord, ce sont des lettres qui se forment, puis des mots et enfin des phrases, laissant perpétrer une étendue vague et distincte d'un assemblage grammatical. J'admire mon œuvre et la lis à voix haute. Une étendue fluide y sort coulant sur mon pantalon. Dégoûté, je regarde cette scène curieuse. Est-ce un mirage? Un songe? Cette masse gisante de souffrance bouge quelque instant et se matérialise… Elle, car à la vue de ces courbes majestueuses c'est du moins un Elle plus qu'un Il! Cette ombre ombrée monte en l'air et finit sa mutation. Je la regarde, pétrifié, de savoir si je dois me sauver et ne plus revenir ici, où bien, si je dois la supplier de ne pas me toucher. Elle me sourit et d'une voix sans aucun intérêt, elle me lance au visage; trois vœux.
Mes pupilles se dilatent, mon cerveau également. Elle me sourit de nouveau et me dit lentement; trois vœux. Je comprends et je m'égare. Je réfléchis et défléchis. Je lui cri… et lui écrit…
Je voudrais être le plus bel homme qu'on ne retrouve que dans ce monde.
L'encre eut un sourire sardonique et d'un jet froid, elle me transforma en un narcisse. Je jette un regard dans l'eau, s'il y a bien eu un résultat… Ce n'est pas possible! Je me frappe à quelque reprise pour enfin retomber dans la réalité, et redécouvre malheureusement (?) l'état de mon corps. Je suis beau. Grâce à elle… Grâce à ce vœu. Cette vision euphorique, ce corps utop...
Second vœu…
Alléché par cette possibilité de faire de moi un homme… un vrai, je lui exige, d'un air audacieux; je désire être le plus riche en ces bois. Et d'un claquement houleux, un navire sortant des brumes fit tomber des milliers de coffres remplis d'argent.
Dernier vœu
Cette voix mécanique me graissant la nuque me donne le goût d'en finir. Je ne suis pas certain si tout c'est cadeaux tombés du ciel m'apportera chance. Oui, je suis beau! Oui, je suis riche, mais suis-je heureux? Suis-je quelqu'un par mon apparence et par ma richesse? Cette remise en situation me fait oublier totalement mon troisième vœu et comme pour mettre terme à ce pacte, je lui réclame pour une dernière fois; j'aimerais que n'importe quelle femme en ces terres devienne la proie de mes flammes. En un éclair, la femme d'ébène explosa, jaillissant un peu partout sur ces herbes. Et d'en une pluie sombre, tout redevient froid. J'ai peut-être mal formulé ma demande, peu importe, j'ai eu le deux tiers de ma demande.
Bruissement d'arbre. Craquement de branches. Le saule prend vie.
Une racine agrippe mon pied. Inconscient de cette animation imaginaire, je prends trois secondes pour analyser la situation. Je veux m'en défaire, mais j'en suis incapable. Je veux m'en défaire, mais elle est trop solide. Je la bouge, je la secoue et la casse. Un liquide rougeâtre en sort, des morceaux de chairs éclaboussent le sol. Un courant vomitif entre dans ma bouche, de même que la panique. Le saule est bien en vie. Ces tiges sortant du sol, se faufilent tes des serpents à mes bras. À peine ai-je pu me perdre dans le brouillard, que je trébuche sur le sol. Je vois une étendue devant moi. Je rampe, je veux y arriver, mes ongles grafignent ces terres laissant sortir une plainte gémissante. Plus je monte, plus je descends. Les tiges me traînent et m'entraînent à la souche. J'ai peur, je pleure, j'ai un haut de cœur.
Une voix cassée sort du trou;
«Aimez-moi! S'il vous plaît, AIMEZ-MOI!»
Je hurle en douceur, je déchire ces branches, je casse ces feuilles, je lutte contre la nature. Les feuilles s'enroulant autour de moi et déchirent mon corps tel des vautours. La boue recouvre mon visage. Je la crache, je la vomi, mais plus je cri, plus cette substance rocailleuse pénètre en moi. Je distingue des cris d'oiseau, des cris de corbeaux. Je recule ténébreusement vers cette interjection fatale. Le sol se fend en deux y laissant sortir… une chose difforme… une femme avalant grotesquement les tiges enroulées à mes pieds. JE RÊVE! JE FABULE, JE DÉRAISONNE! Plus elle me traîne, plus je hurle, plus elle avale, plus j'étame des cris cassés.
Tout près d'elle, elle me chuchote;
«Viens avec moi, viens en moi, viens…»
Dans une bourrasque de vent… dans une bourrasque de temps. Je m'évanouis en ces terres. L'amour reste et restera un souhait inaccessible tant et aussi longtemps qu'on n'y mettra pas d'effort.
Bruissement au loin d'un feuillage en décrépitude.
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Écrit par Chant de Plume
Tu es un autre moi.
Catégorie : Amour
Publié le 19/01/2013
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