VESTIGES ANGEVINS

Un ange court, un ange vole
Son vol est beau, il est divin
Et avec lui mon cœur convole
Dans le tendre ciel angevin.

Lazare est là, son œil m'observe,
Le marbre noir tout dépoli
Obstrue le fond de la réserve
Où son squelette a bien pâli.

Je réfléchis, soleil sans ombre,
Une colombe a brassé l'air,
Elle est passée là sans encombre
Nous laissant son message en clair.

La mousse sur la pierre abonde,
Le cœur vaillant est au repos
L'orage coule par la bonde
Tel un mot dit mal à propos.

J'écoute les bruits de la ville,
Le roi René ne viendra plus
Et Louis non plus, sur sa belle île,*
Des vivants, Dieu les a déchus.

Ô jolies tours à l'angevine,
Vous voilà toutes décoiffées
De vos pignons, pointe chauvine
Par Donnadieu peu empressé**

De démolir la forteresse,
Ordre reçu du souverain,
Ce gouverneur dans sa sagesse
S'évitât un bon tour de rein.

Château bâti avec l'ardoise
Agrémentée de blanc tuffeau
Comme un défi au temps qu'il toise
Sans pouvoir le prendre en défaut.

*L'île de Béhuard où Louis XI fit Naufrage en descendant la Loire
**Gentilhomme méridional gouverneur du Château d'Angers chargé de sa démolition.

Capricorne, le 22/10/24.