LE VIEIL OURS
On dit de moi : Ah le vieil ours !
Quand dans la rue je me promène
Avec mes yeux comme toujours,
Fixés sur mon passé bohème.

Mon avenir est en exil
Et j'ai le cœur en grand carême
Car mon soleil devient grésil
Sur ma peau de vieux pachyderme.

Pachyderme à épaisse peau
Ou l'ours à poils de plantigrade
Mais tous les deux ont bien du pot,
D'avoir inspiré ma tirade.

Mais qu'ai-je voulu dire ici
Prenant votre esprit comme cible
Vous présentant, côté noirci
De mon air le plus insensible.

Je vais, je viens, mon pas est lourd
Quand je remonte la calade
Et mon cœur rustaud de balourd
Redonne un charme à ma balade.

On dit de moi : Ah le vieil ours !
Mais dans mon cœur brille la flamme
Dont le meilleur des beaux discours
Est fait pour éclairer votre âme.

Car il s'agit de poésie,
Celle que le cœur seul peut vous dire
Et que je bois comme ambroisie
Tel un ours qui ne peut maudire.

Je resterai dans ma prison
En espérant qu'une hirondelle
Vienne fleurir mon horizon
En m'effleurant avec son aile.

On dit de moi : Ah le vieil ours !
Je vous réponds : « Mais, je vous aime. »
Sans pour cela faire la cour
Ni vous offrir des chrysanthèmes.

Capricorne, le 21/10/24.