SEXTINE D'AUTOMNE

L'étang saint Nicolas prend ses couleurs d'automne
Et les arbres carmin se reflètent dans l'eau,
Lorsqu'un trille d'oiseau me paraît bien atone,
La nature il est vrai redevient monotone,
La forêt a perdu son verdoyant manteau,
Mes yeux vont découvrir les flammes du coteau.

J'avais tant de plaisir à gravir ce coteau
Que mon cœur languissait cette saison d'automne
Pour pouvoir admirer son coloré manteau,
Flamboyant de couleurs et leurs reflets dans l'eau ;
Ma balade jamais ne paraît monotone
Et je vis cet instant où tout devient atone.

La faune elle-même est de plus en plus atone,
Les oiseaux désertent les beaux ceps du coteau,
Les feuilles en tapis sur le sol monotone
Teintent de vermillon, les terres de l'automne,
Des nuages en gris vont s'immerger dans l'eau
En recouvrant l'étant d'un nébuleux manteau.

Je vais m'acheminant, vêtu de mon manteau,
En écoutant l'écho de mon cœur presque atone
Qui frappe des coups sourds comme un bâton dans l'eau ;
Mon regard embrassant tous le roux du coteau
Qui s'enflamme aussitôt en calicots d'automne ;
Magnifique tableau d'un pays monotone.

J'en éprouve un regret, tout paraît monotone
Et recouvre mon cœur d'un grisâtre manteau,
Car malgré ses couleurs, hélas je hais l'automne
Et deviens comme lui, fort muet et atone ;
Mes pas lents m'entraînant au sommet du coteau,
J'aperçois à nouveau l'étang et sa belle eau.

Sur la berge un héron pèche le bec dans l'eau*,
Et il a le pas lent** qui devient monotone,
Moi, je décide alors de quitter le coteau,
Le soleil se couchant, je revêts mon manteau
En cherchant, mais en vain, une syllabe atone
Pour vous faire sentir cette saison d'automne.

A l'automne, je crains les frimas de son eau
Et mon cœur atone en devient plus monotone
Sous mon manteau usé comme un flanc de coteau.

* il sera donc bredouille !
** Il ne s'agit pas là de l'appareil de levage. (Palan -moufle)

Capricorne, le 14/09/24